Septembre, c’est le retour des troupeaux dans nos Pyrénées.

Voici quelques clichés pris ces deux derniers jours entre 800 et 1.500 mètres d’altitude pour aller voir les troupeaux qui ont commencé à redescendre de la montagne, car oui, ici nous avons encore des rythmes et des rites « naturels » attachés aux saisons, un véritable bonheur quand on voit (de loin, heureusement) ce que devient le monde des villes, là bas en bas, dans les plaines !

Deux jours de jolies petites routes de montagne, de  la « Fête des bergers » du village au nom évocateur  d’Aramits (eh oui, nous sommes au pays des Trois Mousquetaires, et pas loin non plus du village d’Artagnan !)  en passant par la Pierre Saint-Martin et en terminant au sanctuaire de Notre Dame de Betharam près de Lourdes.

Une promenade sans aucune autre raison que le plaisir (immense) de parcourir cette merveilleuse région dans une fin d’été maintenant adouci et qui joue les prolongations…Et de prendre quelques photos dont j’ai accommodé certaines à ma façon.

Aramits célèbre chaque année sa « Fête des bergers« .

Le curé itinérant du coin (c’est ainsi de nos jours), y dit une messe chantée et en plein air, mais pas n’importe où: sur le terrain de rugby du village, rien de moins, devant une assemblée fervente mais aussi un grand troupeau de moutons « fraîchement arrivés » de l’estive qui broutent, imperturbables, pendant que les fidèles entonnent à pleine voix les prières et cantiques en français bien sûr, mais aussi dans des langues que vous ne pouvez pas comprendre, si vous n’êtes pas d’ici.

Voici le « Notre Père » en béarnais:

Noste Pay qui et aou céou, Qu’et bosté num sié santifiat, Qu’et bosté reiné biengué, Que sio heyto la boste boulentat, Sus terro cum en céou; Dat’sé a touts oey Et noste paa de cado dio, Perdounat’ sé ets torts quib’hem, Coum perdounan nousats tabé, Aous qui s’en hen ! En machan parat, n’ous déchéts soulets, Mes libérats-sé de tout maou, Amen.

Et puisque cette fois-ci il y avait avec nous des Navarrais, voici, en leur honneur, le ‘Je vous salue Marie » dans leur langue:

Jinkuaren Ama, Ama güziz hana, Zitzagün maitha, bethi, bethi ! Thonarik gabia, Haste-hastetik, Osoki garbia, Bethi egonik, Graziaz bethia, Zirade deithürik, Bethi, bethi.

Dans son prêche, le prêtre, qui, lui, a un accent bien charpenté, s’en est pris sans détour aux  technocrates et bobos parisiens « qui n’ont jamais vu un ours ou un loup  » mais veulent en introduire de force dans « nos montagnes ». Il faut dire qu’il avait là, entre bergers, agriculteurs et éleveurs,  une assemblée toute acquise à son discours militant !

Je vous le dis tout simplement, et avec un fort accent du Sud-Ouest bien que je ne l’aie pas, tout ceci nous a mis, mon épouse et moi, la larme à l’oeil pour aujourd’hui et nous a donné de sombres pensées pour les lendemains qui déchantent. Mais c’est une autre histoire et il faut profiter et défendre ce que l’on possède on encore…Un signe encourageant: la fête des bergers a reçu plus de 10.000 visiteurs en quatre jours et surtout, une participation nettement plus forte de jeunes gens et damoiselles aux  diverses activités, dont les immanquables concours de chiens de berger.

Après la messe, les villageois, habillés à l’ancienne, défilent dans le petit bourg, accompagnés cette année de « voisins » espagnols de la Navarre toute proche qui sont venus soutenir les cantiques de leurs guitares et mandolines. Suivis par les « anciens » du coin, qui ont à coeur d’entretenir d’une année sur l’autre quelques vieux tracteurs et machines agricoles des années 50 et bien au delà.

Devant, derrière, autour, on côtoie les « blondes », comme on appelle ici affectueusement les belles vaches d’Aquitaine . Arrachés à leur dernière bouchée de prairie, les moutons ont fini par se mettre dans les rangs comme tout le monde. A moi, le Pyrénéen de coeur (et d’origine) mais rentré récemment « au pays  » après une vie entière de pérégrinations, ce qui m’a beaucoup ému c’est cette proximité des hommes et de leurs bêtes: à Aramits, j’ai été frappé de voir comment un jeune bouvier parlait à voix basse, en confidence,  à ses deux superbes et massives Aquitaines de 9 ans pendant qu’il leur enlevait le joug les liant l’une à l’autre:  » Allez, làààà, recule un peu, làààà, c’est bien, un peu à gauche maintenant, lààà  » Et les énormes bêtes obéissaient gentiment, sans hésiter, elles comprenaient; c’était…une scène de tendresse. Ne riez pas, je n’ai rien d’un bobo: le bonheur, vous dis-je…

 

 

Après une telle mise en jambes, nous avons poussé jusqu’à Sainte -Engrâce, à la limite de la Navarre espagnole et Lourdios-Ichère,  le village du célèbre  Jean Lassalle, le député au béret, dont on ne peut goûter pleinement la forte personnalité si l’on a pas arpenté ses montagnes…

 

Dans les alpages, on rencontre, souvent bien campées au beau milieu des petites routes bien étroites, des « blondes » aquitaines et des chevaux de montagne à crinière également blonde, élevés en liberté dans ces grands espaces. Tout ce petit (???) monde qui avoisine les1.000 kilos est là bien à son aise et renâcle parfois à laisser le passage aux voitures: ils sont chez eux ! Nous devrions les imiter, et défendre notre territoire, suivez mon regard.

Tout là-haut, peut-être enivrés par le grand air mais assurément par la « beauté des choses » de nos montagnes, nous avons zigzagué sur les petits chemins avec des crochets vers les gorges de Kakueta et ces Arette, Lanne en Baretous, Oloron-Sainte-Marie, Osse-en-Aspe, Aydius, tous ces noms qui « chantent au vent d’Espagne », comme disait Charles Trenet.

 

Et puis, comme il faut bien à un moment rentrer chez soi, nous sommes redescendus (le coeur gros) vers les vallées avec tout de même une dernière halte-photo et un déjeuner au sanctuaire de Notre Dame à l’Estelle-Bétharam, sur le gave de Pau. Et j’attends maintenant avec impatience notre prochaine petite virée dans les montagnes dont l’immense  présence , juste derrière chez nous, est si apaisante…

 

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4 Replies to “Pyrénées: retour d’estive …”

  1. Bonsoir.
    Vive les estives et les retours d’estive pour ramener les troupeaux dans les granges à l’abri pour y passer l’hiver au chaud.
    Magnifiques photos mises à la suite.
    Je connais bien cette petite église de Saint-Engrâce, avec ses chapiteaux historiés comme fresques, tout comme les gorges de Kakoueta (désolé pour l(orthographe au cas ou..).
    J’aime beaucoup les Pyrénées, le pays Basque et le Béarn, et pas que du fait d’y être passé à pied lors de mes pèlerinages effectués à pied à Saint-Jacques de Compostelle entre 1999 et 2004.
    Nous allons à présent en vacances, en camping-car, dans les landes, pour quatre de nos six petits-enfants, et ce depuis 2010.
    Bonne soirée à vous..Denis.

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    1. Merci. Je suis heureux d’avoir pu partager avec quelqu’un qui apprécie.
      Et félicitations pour vos voyages à pied, je suis (très) loin d’avoir encore l’âge de me livrer à de tels exercices, mais j’aurais adoré le faire si j’avais vécu plus jeune dans cette merveilleuse région du monde…
      Adishatz,
      JP

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      1. Bonsoir.
        Merci pour le..Adishatz.
        Je suis émerveillé par vos photos mises comme textes insérés.
        Pour ce qui est de mes voyages à pied, vous savez, je reste humble et petit.
        J’ai d’ailleurs rencontré, en 1999, en Espagne, un monsieur âgé (encore alerte..) et qui a fait le pèlerinage à vélo depuis Roncesvalles (Roncevaux..) et jusqu’à Santiago, à vélo, car, il avait malheureusement perdu sa femme un an auparavant..chapeau bas..
        J’aime beaucoup la toute petite chapelle dédiée à Saint-Jacques à Harambeltz, petit hameau après Saint-Palais (Donnapaleu..).
        Il est des tas d’exemples, comparables que je pourrai citer à la suite, au travers de mes pèlerinages effectués comme grandes randonnées et randonnées à pied.
        En 2007, j’avais souhaité effectuer un pèlerinage qui s’inscrivait dans ce que l’on appelait jadis, les pèlerinages dits de dévotion.
        Pour ce faire, et pour Saint-Maurice et Sainte-Vérène, du fait de notre église paroissiale consacrée à Saint-Maurice, et d’une magnifique petite chapelle dédiée à Sainte-Vérène, et située dans une petite localité proche (2,5 km..), je suis parti, tout d’abord, en train, du domicile jusqu’à Milan, puis retour à pied jusqu’à la maison, en traversant la Suisse dans le sens sud-nord..
        Et je peux vous assurer que je n’ai trouvé que des gens formidables et sympathiques tout au long.
        D’ailleurs, pour ne rien vous cacher, et concernant nos petits-enfants dans les Landes, je viens d’acheter, tout début juin (la transaction datait du mois d’août 2016..du fait d’un « phrasé » dans le P.L.U. ..), un terrain dans la localité où ils habitent, petite bourgade(670 habitants..) au calme, et avec un emplacement concernant le terrain, juste un peu à l’écart du centre bourg (350 m à pied..pour aller acheter le pain..) et juste avant le nouveau lotissement et pas inscrit dans le lotissement(contraintes et autres..) où notre gendre a construit, et, de plus..au calme. Que demander de plus ou vouloir de plus.
        Nous serons à 22-23 km de la mer, mais, ce n’est pas la mer qui nous attiré, ce sont tout d’abord nos petits-enfants, ensuite cette charmante petite localité,et, la grande et belle forêt des Landes, doux havre de paix, et les nombreuses pistes cyclables en sécurité.
        Voilà, pour un complément d’informations et d’explicatifs.
        Bonne soirée et fin de soirée à vous, à plus..peut-être..Denis.

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