Il est de bon ton , notamment mais pas seulement en France, de considérer le président Trump comme un esprit instable et imprévisible, pour ne pas dire irresponsable, qui a décidé de quitter sans raison valable l’accord signé avec l’Iran par son prédécesseur Barraq Obama, considéré, lui, « par nature » sérieux, raisonnable et clairvoyant. Et même titulaire d’un Prix Nobel de la Paix « a priori » dont les conditions d’attribution devraient normalement pousser à l’interrogation. Mais passons…
Gilles-William Goldnadel (dont évidemment certains, ceux là même qui hurlent au racisme pour le moindre écart) s’empresseront de noter que ses origines entâchent son jugement de nullité, rappelle dans cet article deux ou trois vérités qui m’ont semblé utiles. Les caractères gras sont de mon fait. / .
Artofuss.
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« L’étrange indulgence des européens envers l’Iran. »
Par Gilles William Goldnadel
Le Figaro
TRIBUNE –
Le point de vue qui suit est très minoritaire. C’est même sa raison d’être.
Il soutient que dans le bras de fer entre le président Trump et l’ayatollah Khamenei, la classe politique et médiatique européenne, avec sa supériorité habituelle teintée d’un antioccidentalisme inconscient, fait montre d’une sévérité à l’égard de la partie américaine qui n’a d’égale que son absence totale d’esprit critique à l’égard de la République islamique.
Nous ne considérons pas comme central le débat sur la sortie des Américains de l’accord nucléaire avec l’Iran. Tout a été écrit sur le sujet et assez correctement.
L’accord conclu avait ses faiblesses (durée trop limitée, inspections inopinées prohibées), mais il avait le mérite d’exister. Les Américains d’Obama tenaient à le signer en dépit d’une résistance des Français, qui s’y sont résignés.
Sauf que ce qui ne faisait pas partie du deal nucléaire était aussi important que celui-ci. Les esprits supérieurs qui continuent de sévir l’ont vendu aux réticents en édictant le postulat indiscutable que les mollahs radicaux deviendraient des agneaux, une fois le traité signé.
Or c’est très exactement l’inverse de ce à quoi nous avons assisté.
Dans le domaine fondamental des armes balistiques, en violant la résolution 2231 du CSNU, les islamistes iraniens se sont surpassés pour avoir le bras long à l’égard de leurs cibles futures.
L’ONU comme l’Occident sont restés cois.
Sur les droits de l’homme, l’organisation Amnesty International, pourtant peu suspecte de tropismes pro-occidentaux, a baptisé l’année 2018 en Iran «année de la honte». Elle a stigmatisé «une répression effroyable de la dissidence avec plus de 7 000 personnes arrêtées».
Sans aucuns échos internationaux, Amnesty notait que «l’Iran a aussi intensifié sa répression discriminatoire contre des minorités religieuses et ethniques en arrêtant et en emprisonnant arbitrairement des centaines de personnes».
» LIRE AUSSI – Goldnadel: «En Iran, la France préfère avoir tort avec Obama que raison avec Trump»
Sur les droits des femmes, ma consœur, la merveilleuse Nasrin Sotoudeh, a de nouveau été arrêtée et condamnée le 11 mars 2019 à dix ans d’incarcération supplémentaires et à 148 coups de fouet pour «incitation à la débauche». Tout cela pour avoir défendu des femmes qui refusaient de porter le voile. Il serait excessif de soutenir que les néoféministes occidentales ont fait montre, en la circonstance, de leur ordinaire alacrité lorsqu’il s’agit de fustiger le mâle européen.
Dans le cadre international, loin de réduire à quia les interventions belliqueuses des mollahs, l’accord nucléaire les aura au contraire galvanisés: au Yémen, en Irak et surtout en Syrie, ils construisent des bases militaires avec leur supplétif, le Hezbollah, classé officiellement organisation terroriste.
Précisément, dans le domaine du terrorisme international, on constate que le régime de Téhéran n’a rien perdu de son activisme. Pour ne prendre qu’un seul exemple, il y a un an, l’Allemagne a arrêté un diplomate iranien qui avait personnellement remis des explosifs à des terroristes en vue de les utiliser contre le rassemblement annuel des Moudjahidins du peuple iranien à Villepinte.
On ne peut pas dire que la réaction médiatique ou politique française à une tentative d’attentat commis sur le sol français ait été d’une virulence extrême.
Pour terminer, qu’on m’autorise une observation personnelle: j’imagine d’avance certains expliquer notamment ma prise de position en raison d’un soutien à Israël aussi assumé que notoire.
Et ils auront parfaitement raison. Je reconnais bien volontiers que le fait que le régime de Téhéran inscrive sur ses missiles: «Israël sera détruit» ne me persuade pas davantage de ses intentions pacifiques. Et je vois dans l’indifférence européenne à ce sujet crucial une attitude dont j’ai peine à faire le départ entre la lâche démission et l’abandon d’un État juif et d’une démocratie occidentale.
Pour autant que les deux choses ne soient pas complémentaires.
Au-delà de la question israélienne, mais dans un domaine très voisin, je signale à l’opinion décidément assoupie qu’il y a quelques jours, le 18 juillet, l’Argentine du président Macri a désigné le Hezbollah pro-iranien comme responsable de l’attentat contre le centre communautaire juif Amia de Buenos Aires, qui avait fait 85 morts. Un ministre iranien est visé par un mandat d’arrêt international. Le procureur Nisman chargé des poursuites a été assassiné. L’ex-présidente Kirchner, qui a voulu régler amiablement l’affaire avec Téhéran, a été poursuivie en justice. Mais qui s’en soucie?
Lorsque je déplore cette lacune ornithologique de ne voir planer les «faucons» que dans le ciel de Washington et non de Téhéran, cette maladresse linguistique de désigner Trump comme un mégalomane imprévisible mais de qualifier constamment Rohani de président «modéré», cette erreur stratégique de ne réclamer des accommodements qu’au premier mais aucun renoncement au second, est-ce que j’exagère inconsidérément?
Je tiens à conclure en précisant inutilement que je ne confonds en rien le merveilleux peuple persan avec ses dictateurs en turban.
* Son dernier ouvrage, «Névroses médiatiques. Le monde est devenu une foule déchaînée», est paru chez Plon.
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Cf le livre de Thérese Delpech paru en 2007 chez Grasset et qui montrait bien les dangers d’une politique naïve vis à vis de l’Iran qui développe une stratégie geopolitique au niveau régional, mais pas seulement (Notamment ses relations etroites avec la Corée du Nord pour ce qui est du nucléaire et des missiles balistiques)
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Merci de votre message.
Nous avons hélas perdu en Thérèse Delpech un des rares esprits clairvoyants et courageux de notre époque. Il faut par ailleurs reconnaître qu’être obligé de choisir entre l’Arabie wahabite et l’Iran impérial(iste) n’était pas forcément simple pour Obama, que par ailleurs, je ne porte pas du tout dans mon coeur. C’est la triste et difficile situation de l’Europe d’avoir à négocier avec un de ces deux Diables, avec lesquels la cuiller ne sera jamois assez longue !…Comme quoi, l’Histoire se résume bien souvent à la géographie…
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