Emmanuel Macron a, comme à l’accoutumée, « surfé » sur l’actualité pour se donner des airs avantageux. Cette fois, ce fut en dramatisant des incendies de forêt et en organisant une pirouette diplomatique dont seront dupes les nigauds et ceux qui n’ont pas mesuré l’ampleur des ambitions iraniennes. Depuis hier, dans ce qu’il est convenu d’appeler nos organes d’information, le concert des thuriféraires atteint des niveaux encore inégalés: à les en croire, le Talleyrand nouveau est arrivé et Biarritz va pouvoir se jumeler avec Vienne…
Merci à VA d’être jusqu’à ce matin et à ma connaissance le seul organe de presse à ramener les choses à leur juste niveau…
Artofuss.
Macron, le G7 et sa bulle de com’
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Lundi 26 août 2019
Valeurs actuelles.
“Crise commerciale , crise environnementale , crise des leaderships , tout s’y concentre au point de rendre plus que jamais incertain et illisible l’avenir de la planète”, explique notre chroniqueur Arnaud Benedetti à propos du sommet du G7.
Le G7 est une bulle . Une bulle de com’ dont le but est de mimer la puissance . Il est l’expression d’une volonté de régulation qui se heurte à la réalité d’une scène internationale qui ne correspond plus au monde qui vient . Le grand Fernand Braudel avait voici des décennies prévu les transformations de la géopolitique , en analysant le basculement de l’axe atlantique vers le pacifique . Depuis le monde s’est encore plus fractalisé , les blocs idéologiques dissous , le capitalisme répandu avec une force parfois déstabilisatrice , ne tenant compte ni de la morale ,encore moins de l’intérêt des sociétés.
À Biarritz , Macron scénarise ce séminaire des grands de ce monde , escomptant en retirer un bénéfice personnel sur la scène nationale et espérant ramener la France au centre d’un jeu dont les paramètres multiples et entrecroisés démontrent s’il le fallait que la société internationale n’a jamais été aussi désordonnée depuis l’après-guerre . L’anomie planétaire est à son comble . Crise commerciale , crise environnementale , crise des leaderships , tout s’y concentre au point de rendre plus que jamais incertain et illisible l’avenir de la planète .
Si le G7 a une fonction , c’est d’abord d’accréditer l’idée qu’il existe une communauté de destin des démocraties libérales et que celles-ci peuvent agir de concert pour équilibrer la planète et préserver sa sécurité . Or dans un monde devenu tous les jours un peu plus parkinsonien , l’entreprise paraît tenir du vœu pieux . Raymond Aron en d’autres temps décrivait le théâtre international comme le miroir exacerbé d’un « état de nature » . C’est bien contre cet » état de nature » que les dirigeants des sept puissances les plus riches s’efforcent de lutter .
Le sentiment qui se dégage de ce moment dont le Président veut faire une sorte d’épiphanie de son rayonnement planétaire est d’abord celui d’une théatrocratie ou d’une machine spectaculaire , d’où ne cesse de sourdre des arrières-pensées et des solidarités toutes relatives . De ce point de vue , le démenti cinglant de Trump au prétendu mandat confié à l’hôte de l’Élysée pour négocier avec l’Iran ou l’arrivée inattendue du ministre des affaires étrangères iraniens à Biarritz illustrent tout à la fois la conflictualité inhérente au G7 et sa théâtralité exacerbée .
Entre télé-réalité des grands de ce monde et réalité parfois abrupte d’une politique impuissante , ce qui se joue littéralement sur la côte basque relève bien plus de la méthode coué que de l’organisation maîtrisée du cours des choses . Et l’excès de com’ ne peut en aucun cas le dissimuler . Bien au contraire , même !
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Nota: si ces messieurs et dames de Biarritz-Vienne ont trouvé le temps de discuter des feux amazoniens et d’une censure mondiale des contenus sur Internet (merci à notre Cher Président-Comunicator ), je n’ai pas trouvé trace de résolutions innovantes sur des sujets (certes mineurs) comme la crise migratoire mondiale.
Mais peut-être cela m’a-t-il échappé?
Artofuss.