LE FIGARO. – Le gouvernement a annoncé une montée en puissance progressive visant les 30.000 tests/jour dans une semaine. Pourquoi lui demandez-vous de réquisitionner les laboratoires départementaux ?

MARC LEFÈVRE. – Parce que nous pouvons élargir très rapidement le panel avec nos laboratoires vétérinaires. Ils pratiquent ces techniques quotidiennement. Ils peuvent doubler la capacité actuelle. Sur 70 laboratoires en France, plus de 45 peuvent être mobilisés pour réaliser au moins 13.000 tests par jour. Il est incompréhensible qu’ils ne soient pas sollicités d’office en cette période exceptionnelle. L’État doit réquisitionner nos laboratoires départementaux pour les tests. Nous avons engagé de nombreuses démarches auprès des autorités compétentes mais elles sont restées sans suites.

Que vous répond-on ?

Nous avons fait cette proposition au préfet de région. La présidente de notre groupement l’a adressée également auprès du ministre de la Santé et je suis moi-même intervenu personnellement plusieurs fois dès le 16 mars, notamment auprès de l’Agence régionale de santé. Malgré nos tentatives, nous n’avons pu obtenir aucune réponse officielle. Il est important de mobiliser tous les moyens que l’on peut mettre en œuvre. Nous sommes dans une démarche positive mais je constate que nous vivons encore dans un État très centralisateur, qui veut maîtriser la totalité de la chaîne. Si nous faisions un tout petit peu plus confiance aux territoires, les choses pourraient aller plus vite.

Quelles garanties apportez-vous sur la qualité et l’efficacité des tests que vous proposez ?

C’est une simple question de certification mais ces techniques sont très bien maîtrisées en virologie animale dans nos labos. Les personnels et les matériels sont là. On peut obtenir des résultats en deux heures. Nous n’avons pas d’inquiétudes sur la capacité de nos fournisseurs à nous livrer les kits de réactifs nécessaires. Certains spécialistes en virologie au CHU de Caen valident totalement la fiabilité des analyses que nous proposons.

Quatre départements s’adressent à Véran

Dans un courrier adressé la semaine dernière au ministre de la Santé, Olivier Véran, les quatre présidents des départements de la Sarthe, d’Indre-et-Loire, de la Loire-Atlantique et du Maine-et-Loire ont proposé de mettre leurs laboratoires vétérinaires à la disposition de la lutte contre le coronavirus. Assurant être en mesure de pouvoir effectuer environ «1000 tests Covid-19 par jour», les élus ont rejeté l’argument du cadre juridique qui leur est opposé par les autorités. «À ce niveau de gravité de la pandémie, il n’est pas possible que les frontières entre médecine humaine et médecine vétérinaire soient aussi étanches», écrivent-ils. «Nos équipes en première ligne, ont-ils ajouté, ne comprendraient pas que tous les moyens disponibles, en particulier l’augmentation du nombre de tests, n’aient pas été mis en œuvre par l’État pour augmenter le nombre de tests afin de préserver leur santé».

La semaine dernière, la société Inovalys, qui gère quatre laboratoires à Nantes, Angers, Le Mans et Tours, avait pré-commandé plusieurs milliers de réactifs à un fournisseur du sud de la France, dans l’hypothèse où ses sites obtiendraient une habilitation.

Mais vendredi soir, les habilitations ne venant pas, Inovalys a décidé de débloquer ses précommandes pour ne pas pénaliser son fournisseur, très sollicité en ce moment notamment par d’autres pays européens.

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