Boualem Sansal : « La France ne comprend toujours pas ce à quoi elle est confrontée »

Scroll down to content

*************

Et si on se décidait à écouter ceux qui savent parce qu’ils sont issus de la culture qui nous assaille???… Artofus.

*************

Propos recueillis par Anne Rosencher, publié le 18/10/2020 – L’EXPRESS

Pour le romancier algérien, notre pays se croit frappé par des terroristes alors qu’il subit une guérilla islamiste qui prend son élan pour un jour atteindre les dimensions d’une guerre totale.

 » Quelle horreur, quelle barbarie, on décapite un prof pour une caricature qui a fait mille fois le tour de la planète ! C’est dire la rancoeur et la folie des islamistes. On condamne en rivalisant d’émotion et de formules, on affirme son soutien à la famille de la victime, on rassure le corps enseignant et les parents d’élèves, on appelle à des mesures fortes, on promet la fermeté.

Voilà ce qu’on entend sur les ondes. On fait son devoir, on a la conscience tranquille… jusqu’à la prochaine horreur, la prochaine barbarie. 

Tout cela montre que la France ne comprend toujours pas la réalité à laquelle elle est confrontée. Elle se croit frappée par des terroristes, des jeunes fichés S ou pas, alors qu’elle subit une guérilla qui peu à peu prend son élan pour un jour atteindre les dimensions d’une guerre totale, comme beaucoup de pays l’ont vécue et la vivent encore à des degrés divers (Algérie, Mali, Afghanistan, Irak, Syrie, Libye, Somalie). 

L’islamisme est un Etat souverain

L’islamisme ne fait pas dans le terrorisme et ceux qui égorgent et violent au nom de l’islam ne sont pas des assassins, ni des fous, ni des ignorants. Il faut enfin regarder les choses en face et employer les mots qui conviennent. L’islamisme est un Etat souverain, un Etat qui n’a pas de territoire propre, pas de frontières, pas de capitale, pas de citoyens mais des fidèles unis dans la Oumma, présente dans toutes les régions du monde, dans la maison de l’islam et dans la maison de la guerre, pas de constitution mais la charia tirée du saint coran et des hadiths authentiques.

Ses soldats, policiers, imams, juges et bourreaux ne sont pas des fonctionnaires mais les fidèles eux-mêmes, sans liens hiérarchiques entre eux, agissant chacun selon ses moyens et les circonstances, en solitaire ou avec ses proches, parents, amis, voisins et des volontaires venus de plus loin. 

Allah ordonne à chaque musulman, où qu’il soit dans le monde, d’oeuvrer par tous les moyens à l’expansion de l’islam, de le défendre au prix de sa vie, de combattre les mécréants et de châtier les blasphémateurs et les apostats.  

A la guerre, on ne répond pas par des discours émus

Cette guerre, il la fait au monde entier, aux musulmans qui n’appliquent pas la charia, aux chrétiens, aux juifs, aux athées. La France est plus fortement touchée en raison de son histoire propre (la colonisation, son soutien aux dictatures arabes, la présence sur son sol d’une émigration nombreuse mal intégrée qui peu à peu s’est détachée de la communauté nationale).

C’est à cela qu’a obéi le jeune Tchétchène de Conflans Sainte-Honorine. Pour les Français, c’est un assassin, pour les islamistes il s’est comporté en musulman sincère et courageux, il a jugé ce professeur pour blasphème, l’a condamné à mort et l’a exécuté, conformément à la charia. En récompense, il ira au paradis et aura les 72 vierges promises par Allah. 

Il est plus que temps que la France regarde ces choses dans leur réalité nue, et se convainc qu’à la guerre on répond par des actes décisifs et non par des discours émus. » 

*************

LIRE NOTRE DOSSIER COMPLET

Attentat à Conflans-Sainte-Honorine : un enseignant décapité

Boualem Sansal est un romancier algérien, auteur notamment de « 2084 : la fin du monde » (Gallimard), qui a remporté de grand prix du roman de l’Académie française en 2015. 

***************

4 Replies to “Boualem Sansal : « La France ne comprend toujours pas ce à quoi elle est confrontée »”

  1. Merci Boualem Sansal pour ce billet percutent et ivre de vérité et de justesse.
    Je garde un souvenir ému de votre présence et de votre intervention au Festival du livre de Mouans-Sartoux l’année dernière.
    Venez leur dire, encore… encore… Ils entendent mais n’écoutent pas…

    J’aime

  2. Je suis contente de vous lire ! Mais comme vous vous en doutez les
    intellectuels français (pas tous) n’ont pas saisi la gravité de la situation.
    Non, on n’a pas à écouter ceux, celles qui connaissent… le coq est
    fier même sur un tas de fumier.
    Je ne suis pas de culture arabo-musulmane mais j’ ai subi une autre de
    religion et je comprends parfaitement vos dires et mises en garde.

    J’aime

Laisser un commentaire