Par François d’Orcival Publié le 02/12/2020 VALEURS ACTUELLES
– Toute la semaine aura été dominée par l’affaire de ce producteur de rap violemment agressé par des policiers. Se superposent des images filmées, des scènes de rue et des débats parlementaires, analyse François d’Orcival.
Dernières images, le soir du samedi 28 novembre, place de la Bastille. La manifestation “contre les violences policières” s’achève. À l’écart de la colonne de Juillet et des travaux en cours, une douzaine de policiers protégés par des boucliers se déplacent, hésitent, tentent de se déployer sous les cris. Soudain s’abattent sur eux des individus, casqués, masqués, hurlants. Le groupe de policiers se divise. Couverts par le bruit, des coups pleuvent de divers côtés. Surpris, plusieurs policiers chavirent sous l’assaut, se redressent et finissent par être pris en charge par des camarades.
Cette scène, filmée, ne dure pas une minute. Elle laisse deux policiers franchement blessés, dont l’un sera emmené pour être soigné. Ce soir-là, le ministre de l’Intérieur dénombrera 98 blessés parmi ses hommes, à Paris et en province ; les porte-parole des syndicats de policiers évoqueront un « déferlement de haine anti-flics ».
Le motif remontait à une semaine, lorsque quatre policiers, qui sortaient de leur voiture, s’étaient introduits chez un producteur de musique, avant de se saisir de lui de manière particulièrement violente. Et pour quelle raison ? Parce qu’il ne portait pas de masque, dira-t-on… « Les images que nous avons vues sont inacceptables », « il s’agit d’actes inqualifiables », vont dénoncer le chef de l’État, le ministre de l’Intérieur, la classe politique, les médias, les réseaux sociaux.
Les quatre policiers sont mis en examen, deux sont placés sous contrôle judiciaire, les deux autres en détention provisoire. Mais l’affaire n’est vraiment connue du public qu’à partir du jeudi 26, quand l’agression, jusque-là confinée au commissariat du XVIIe arrondissement puis à la préfecture de Police et au cabinet du ministre, est diffusée sur un site Internet qui a récupéré les enregistrements des caméras situées dans le studio de la victime.
Darmanin est-il venu montrer les talents qui sont les siens, ou tresser la corde avec laquelle il se pendra ?
Or cette affaire va se confondre avec une autre actualité portée par la loi sur la “sécurité globale” (dont on a rappelé les épisodes dans notre précédent numéro). Déléguée nationale d’Unité SGP Police-FO, principal syndicat des policiers en uniforme, Linda Kebbab (auteur de Gardienne de la paix et de la révolte, Stock) se dresse contre ces amalgames et ces échanges de coups qui n’ont visé qu’à attirer les médias dans la rue. « Tout cela était orchestré », accuse-t-elle. Va-t-on aussi monter en affaire d’État le croche-pied d’un commissaire ?
À l’Assemblée, le texte de loi est adopté par 388 voix contre 104 et 66 abstentions. On est alors le 24 novembre. Le lundi 30, Christophe Castaner, le prédécesseur de Gérald Darmanin à l’Intérieur devenu président du groupe parlementaire de La République en marche, et qui fait partie des cosignataires de cette loi, annonce que l’on est allé d’erreur en erreur, que tout cela est bon à refaire et qu’il faut réécrire cet article 24 (sur la protection des policiers et gendarmes, et la diffusion des images filmées par les médias), dont l’auteur est son successeur ! Celui-ci se trouve le soir même devant la commission des lois de l’Assemblée. Il est venu expliquer pourquoi il tient tant à cet article 24 pour la sécurité de ses forces, après avoir énuméré les « sept péchés capitaux » dont celles-ci sont victimes. Elles manquent, dit-il, d’une formation suffisamment longue, d’un encadrement de chefs et de sous-chefs plus nombreux, de locaux rénovés et de voitures robustes, de caméras ad hoc, d’une inspection générale respectée et de liens plus intimes avec une population qui les soutienne, en contrepartie de leur exemplarité…
Darmanin échange pendant plus de deux heures avec les députés. Est-il en train de montrer les talents qui sont les siens ou de tresser la corde avec laquelle on veut le pendre ? La réponse appartient au président de la République. Devant les jeunes, c’est lui qui prend le micro ce jeudi soir.
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si les policiers incriminés comparaissent en justice je leur conseillerais de simplement réciter les paroles de RAP » édités par le Studio Zecler » du genre » je nique la France….. je pisse sur De Gaule et me torche avec le drapeau , , injures sur les flics etc .. » à l’exclusion de toute autre explication de leur conduite qui est en soi difficile à défendre , pour voir si le Tribunal est capable de plus de discernement qu’eux-mêmes.
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