Certains s’intègrent donc bien mieux que d’autres….Artofus.
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Très intégrés, ces travailleurs saisonniers venus d’Équateur sont 1500, soit 10% de la population.Par Pierre Saint GillesPublié il y a 2 heures, mis à jour il y a 2 heures
Tarascon (Bouches-du-Rhône)
De Tarascon, autrefois ville florissante de la Provence, il reste un patrimoine architectural exceptionnel qui fait encore illusion auprès des touristes. Le château et la collégiale Sainte-Marthe, où le père Michel Savalli officie, en sont les fleurons. Aujourd’hui, l’ancienne cité bourgeoise est l’une des communes les plus pauvres des Bouches-du-Rhône.
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Il y a néanmoins une constante économique dans ce coin de Camargue qui tutoie le Gard: le maraîchage. Bien que saisonnière, cette activité phare du territoire requiert depuis la nuit des temps des bras besogneux. Le besoin de main-d’œuvre pour les récoltes a attiré tour à tour les Gitans, puis les Marocains. Plus récemment, des Équatoriens. Le troisième «ghetto» de Tarascon, comme le surnomme le père Savalli, est apparu il y a une dizaine d’années. «À cette époque, la crise économique a frappé l’Espagne de plein fouet. Or des milliers de Sud-Américains vivaient là-bas, souvent des travailleurs agricoles», rappelle le prêtre.
Selon son estimation, le triangle Saint-Rémy-Châteaurenard-Tarascon compte près de 9000 Équatoriens – et quelques Péruviens, Boliviens et Colombiens. À Tarascon, ils représenteraient 10 % de la population, soit près de 1500 personnes. Une communauté chrétienne, dont les paroissiens aperçoivent madones et cierges par les fenêtres des logements qu’ils occupent. Le 8 décembre, date de la fête de l’Immaculée Conception, une procession est traditionnellement organisée à Tarascon. «Nous nous sommes dit, pourquoi ne pas les convier? Une paroissienne, qui a vécu en Équateur, a établi le contact et nous les avons invités à se joindre à nous avec leur Virgen del cisne, la Vierge du cygne», se souvient le prêtre.
Un renouveau spirituel
Le dialogue s’établit, des liens se nouent, un baptême a lieu, le groupe latino qui fréquente la paroisse grossit. En 2017, un paroissien, enseignant de son état, se met en tête d’organiser des cours de français. Le rendez-vous est donné dans une salle paroissiale, à même de recevoir la vingtaine de candidats espérée. Ils seront plus de 100 à se presser devant la porte.
L’opération «cours de français» change alors de dimension. 23 bénévoles répondent à l’appel tandis qu’un écosystème d’aides en tous genres se met en place: coup de main pour les papiers, pour le logement, vestiaire, vide-greniers, paniers solidaires… La participation des élèves se monte à 10 euros pour l’année. En seulement trois ans, cette population sud-américaine déracinée est en passe de s’intégrer, avec des enfants scolarisés, un restaurant, une épicerie et une boutique d’esthétique tenus par des compatriotes.
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«Grâce aux cours, les Équatoriens ont gagné en indépendance: ils se débrouillent mieux avec les démarches administratives, avec leurs employeurs, et sont désormais en mesure de revendiquer de meilleures conditions de travail, se félicite le père Savalli. Et les femmes trouvent facilement des emplois dans le domaine de l’aide à la personne.»
Une action qui a d’autres effets vertueux puisqu’elle participe, selon lui, au renouveau spirituel de ses ouailles. «Dans ma paroisse, qui est très traditionnelle, ça a bousculé les gens», se félicite-t-il.
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