La Chine lance la guerre du sable

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Une inquiétante flotte venue du continent ravage les fonds marins des îles taïwanaises, exacerbant les tensions. Reportage.


Cargaison. Un navire charge de sable au large de l'ile de Nangan (iles Matsu, Taiwan, 12 decembre 2020).
Cargaison. Un navire chargé de sable au large de l’île de Nangan (îles Matsu, Taiwan, 12 décembre 2020).

Par Jérémy André, envoyé spécial à Taïwan  Publié le 31/01/2021. LE POINT.

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Les silhouettes de deux marins chinois oscillent en équilibre sur un ponton de métal. Au-dessous d’eux, de l’eau brune jaillit d’un immense tube et remplit la cale. Cette drague – navire servant à l’extraction du sable – pompe le fond marin à 25 mètres sous la surface, tel le rostre d’un moustique enfoncé dans la chair de l’océan. À la poupe, un officier en veste de cuir noir se tient sur le pont de la salle des commandes, sous lequel est inscrit en caractères blancs « Zhangzhou », le nom d’une ville voisine, sur la côte chinoise.

Le navire mouille entre deux des îles Matsu, un archipel appartenant à Taïwan mais situé à une quinzaine de kilomètres de la Chine. Un ferry taïwanais passe justement tout près, après avoir slalomé entre une quinzaine de dragues et de barges gorgées de sable, toutes d’authentiques rafiots, qui crachent d’épaisses volutes noires pour se propulser mollement sur les vagues. Même quand un navire qui fait plusieurs fois la taille de leur ferry le frôle et le fait tanguer, les passagers restent assoupis, accoutumés à cet inquiétant troupeau de géants. Les dragues, immobiles, se gavent de sable, jusqu’à en vomir par leurs flancs. Des habits sèchent sur leurs rambardes sous les éclaircies d’hiver. À la proue, leur donnant des airs de narvals d’acier, dragues et barges ont toutes un long nez de métal, une chaîne à godets qui leur sert à décharger leur cargaison, signe distinctif qui permet de les différencier des simples cargos.

Béton pour les gratte-ciel. Dans cette zone, ils sont certains jours plus d’une centaine. Vus du ciel ou des falaises de granite de Nangan, l’île principale des Matsu, ils s’étalent à perte de vue. Depuis 2019, cette véritable flotte hante les abords des eaux taïwanaises, comme une préfiguration de l’invincible armada que Pékin promet de lancer un jour sur Taïwan. Et les Matsu ne sont pas les seules îles ainsi cernées : Kinmen, autre île taïwanaise plus au sud, face à la mégapole chinoise de Xiamen, a été la première touchée, dès 2005 ; et, à Penghu (ou îles Pescadores), au milieu du détroit de Taïwan, la flotte des mineurs de sable est réputée deux fois plus nombreuse qu’aux Matsu. Les gardes-côtes taïwanais avaient effectué 600 interventions pour repousser ces intrus en 2019. En 2020, c’est près de 4 000 navires qui ont été expulsés ! Et cette guérilla maritime redouble les pressions subies par les Taïwanais du fait des incursions de l’aviation chinoise, désormais quotidiennes. Ce 23 janvier, ce sont huit bombardiers, quatre chasseurs et un avion anti-sous-marin qui ont rodé dans la zone d’identification de défense aérienne taïwanaise, en théorie interdite aux Chinois.

Sur le pont. Face aux immenses barges chinoises qui extraient le sable à proximité des îles Matsu, les gardes-côtes taïwanais (ici, le 14 décembre) semblent bien démunis. Trois navires de 500 tonnes seront envoyés en renfort en 2021.

Destiné au béton et aux extensions urbaines littorales en Chine, plus de 100 000 tonnes de sable seraient ainsi extraites chaque jour dans le détroit de Taïwan, selon la Société pour la vie sauvage et la nature, une ONG basée à Taipei. Au cours actuel, en Chine, une cargaison de 3 000 tonnes vaudrait quelque 75 000 euros. La Chine ayant interdit l’exploitation de ses fleuves et de ses eaux territoriales, ses mineurs de sable viennent piller les fonds marins de pays voisins. Ces dernières années, des enquêtes du journaliste indépendant américain Vince Beiser ont révélé les ravages causés par les géants de l’industrie du sable chinoise. Les victimes en étaient autrefois des pays en développement vulnérables, incapables de défendre leur environnement, comme les Philippines ou le Cambodge. Les pirates du sable rôdent désormais aussi dans le détroit de Taïwan, véritable ligne de faille géopolitique, déjà explosive en elle-même.

100 000 tonnes

C’est la quantité de sable qui serait extraite chaque jour dans le détroit de Taïwan, selon la Société pour la vie sauvage et la nature, une ONG basée à Taipei. Il est destiné à la construction des villes chinoises.

Déesse protectrice. Les Matsu sont en première ligne de cette lucrative guerre du sable. Des bunkers, des troufions montant la garde, des appelés en scooter et des officiers en Jeep rappellent à chaque virage que cette ligne de front de la guerre froide n’a jamais tout à fait disparu. Ses moins de 13 000 habitants vivent du tourisme, tari par la pandémie, et de la production d’un tord-boyaux, le kaoliang (vin de sorgho) du « tunnel 88 », un souterrain militaire reconverti en cave, indispensable pour braver le vent d’hiver. Matsu (ou Mazu) est aussi le nom d’une déesse protectrice des navigateurs. Dressée sur un cap de l’île de Nangan, sa statue d’une trentaine de mètres a une vue imprenable sur la flotte des navires mineurs de sable. « On raconte qu’elle s’est sacrifiée pour que le navire de son père se sorte d’une tempête », explique à ses pieds Lii Wen, représentant local du Parti démocrate progressiste (DPP), au pouvoir, et candidat lors des dernières élections, début 2020.

Élevé à Hsinchu, la Silicon Valley taïwanaise, ce trentenaire se passionne pour l’identité en construction de son pays et s’est donc lancé un défi : militer dans cet archipel si proche de la Chine. L’histoire des Matsu est en effet distincte de l’île principale de Taïwan, et, qui plus est, c’est un fief du principal rival du DPP, le Kuomintang, parti de Tchang Kaï-chek, le fondateur de la République de Chine (nom officiel de Taïwan).

« Zone grise ». Lii Wen porte un veston matelassé beige sable avec des écussons scratchés sur la poitrine – le drapeau national, celui du DPP et un de son invention, mêlant l’emblème du parti et une carte des Matsu. Il a fait le buzz cet été en postant des photos de la flotte. Les images ont mis le pays en émoi, certains Taïwanais y voyant des navires de guerre déguisés. « Rien ne prouve que ce soit une opération militaire, tempère Lii Wen. En revanche, cela fait partie des tactiques chinoises d’agression dans la « zone grise ». Leur but est de voir comment nous réagissons. »Une manière pour Pékin de démontrer à Taipei son impuissance. Officiellement, évidemment, les autorités chinoises nient toute responsabilité. « Ce sont des navires triplement anonymes : pas de nom, pas d’immatriculation, pas de port d’attache, s’indigne Lii Wen. Même en Chine, ils sont censés être illégaux. »

Mais, pour Liu Yusheng, président de l’association des pêcheurs amateurs, ce ne sont pas des petits corsaires indépendants. « Ces dragues sont affrétées par de grandes entreprises ! » assure ce cinquantenaire, qui possède la casquette et le teint hâlé des vieux loups de mer et a suffisamment observé le ballet des Chinois pour tout savoir d’eux. « Les dragues restent de très longues périodes en mer, détaille-t-il. C’est une industrie de grande envergure. Les ouvriers font les trois-huit, sept jours sur sept. Certains navires font l’aller-retour pour les réapprovisionner en vivres et en carburant. Et des barges transportent le sable vers les côtes chinoises. À Penghu et à Kinmen, certaines étaient tellement pleines qu’elles ont coulé ! Elles ne s’arrêtent que quand il n’y a plus de sable à puiser. » https://www.dailymotion.com/embed/video/kfGfCOax3AKxZEwBUbk?info=0&logo=0&app=lepointhd.app&autoplay=0Vidéo. À Taïwan, des dragues chinoises pillent les fonds marins.

Les anguilles ont disparu. Une exploitation aussi intensive vide la mer de toute vie. « Les bateaux de petite taille qui accompagnent les mineurs de sable sont des pêcheurs chinois qui profitent de l’aubaine, ajoute Liu Yusheng. Le dragage laboure le fond marin et fait sortir les crevettes et autres organismes benthiques, ce qui attire d’énormes quantités de poissons migrateurs et côtiers dans un premier temps. Les pêcheurs chinois emploient des filets traînants ou en cône pour en ramasser le maximum. Cela crée un trou dans la chaîne alimentaire. Quand le dragage est terminé, il n’y a plus rien à manger, donc les poissons quittent nos côtes pour de bon. La faune marine met trois à cinq ans à se reconstituer. »

Ironie du sort, au même moment les pêcheurs taïwanais sont cloués au port par la pandémie. « Entre 80 et 90 % des bateaux n’opèrent pas », estime Liu Yusheng. L’invasion a commencé en 2019. « Autrefois, il ne s’agissait que de bateaux isolés, pas d’une flotte, se souvient-il. Ils ont d’abord opéré au sud de l’archipel, au-delà des Juguang, précise-t-il en montrant sur une carte les deux îles les plus méridionales des Matsu. C‘était le coin des anguilles, qui, cuites à la vinasse rouge, sont la base d’un plat traditionnel chez nous. » Elles ont totalement disparu depuis.

Polders. Autre signe inquiétant, les plages se sont amincies à vue d’œil en 2020. « Les Matsu sont des îles rocheuses, donc la quantité de sable qu’elles peuvent perdre est limitée, commente le Pr Lin Tsung-yi, professeur de géologie à l’Université nationale de Taïwan, à Taipei. Même si l’extraction du sable est réalisée pour l’essentiel en dehors des eaux taïwanaises, cela affecte nos fonds marins et nos côtes, parce que, une fois qu’on a dragué une zone, le sable des zones avoisinantes vient combler la dépression que cela a creusé. En conséquence, le sable des plages glisse et s’amenuise. Chaque région a un budget de sable et le recul des plages montre qu’il est en déficit. »

En cause, la voracité du secteur de la construction en Chine. Dans son cabinet de cartes anciennes, le Pr Li fait défiler sur Google Earth les mégaprojets dans la province du Fujian, face aux Matsu : la capitale, Fuzhou, qui multiplie les polders, l’île de Pingtan, une zone franche où les tours poussent comme des champignons, et bien d’autres « villes-fantômes » qui restent selon lui partiellement désertes. « Le problème des extensions urbaines littorales, c’est qu’elles consomment de grandes quantités de sable, résume-t-il. Quant au béton, il faut en théorie ajouter du gravier et surtout laver le sable marin de son sel. Souvent, ils sautent ou bâclent cette étape. Cela rend le béton fragile et deviendra dangereux dans les décennies à venir. » 

Défi. Une drague arborant le drapeau de la République populaire de Chine, au large de Nangan, le 12 décembre. Des Taïwanais voient dans cette flotte des navires de guerre déguisés.

Câbles endommagés. Cette boulimie chinoise menace-t-elle le monde d’une pénurie de sable ? Le savant n’y croit pas : « Nous sommes très loin de manquer de sable à l’échelle globale. La population mondiale diminuera avant que l’on en soit à court ! Mais, même si l’extraction du sable n’est pas aussi importante qu’on l’imagine, elle a tout de même un impact grave à un niveau local », prévient-il. Comme la disparition des poissons ou la mort des coraux.

Pour satisfaire cet insatiable appétit de la bulle immobilière chinoise, les dragues qui encerclent les Matsu viennent de plus en plus loin. « Il y a eu deux vagues, détaille Wang Chien-hua, directeur du bureau du développement économique du comté de Lienchiang, l’administration des Matsu. Avant l’intervention des gardes-côtes, en octobre, les dragues venaient seulement du Fujian. Depuis, beaucoup proviennent du Zhejiang, au nord. » Dans l’immédiat, ce fonctionnaire doit faire face à un problème beaucoup plus concret : à quatre reprises en 2020, les mineurs ont endommagé des câbles sous-marins, coupant téléphone, télévision et Internet aux habitants de Juguang, dans le sud de l’archipel. « Chaque réparation, qui prend une à deux semaines, coûte de 20 à 40 millions de dollars de Taïwan [de 600 000 à 1,2 million d’euros, NDLR] », maugrée-t-il. Un câblier singapourien spécialement dépêché opère ces jours-ci au milieu de la flotte des mineurs de sable.

2,9 millions d’euros

C’est le nouveau montant maximal des amendes, contre 29 000 euros auparavant, qui frapperont les contrevenants. Les marins des navires saisis pourront écoper d’un à sept ans de prison. Taïwan s’emploie à renforcer son arsenal répressif.

« Vol de sable ». Les Taïwanais se consolent en exhibant leur dernière prise. Dans le port de Nangan, une drague chinoise saisie le 4 octobre par les gardes-côtes taïwanais rouille, un reste de sable dans le ventre. Sa cargaison a été rejetée dans la baie. Un juge doit décider de son sort. « Ce navire opérait dans nos eaux restreintes », explique Lin Chie-min, commandant des gardes-côtes des Matsu. Les 11 hommes d’équipage, tous chinois, sont désormais détenus et poursuivis pour « vol de sable ». Le Guo Liang 919, un 3 000 tonnes, battait pavillon mongol, un pavillon de complaisance. « La Mongolie n’a même pas d’accès à la mer ! » s’esclaffe Lin Chie-min. D’après les bases de données maritimes, le Guo Liang 919 était encore enregistré sous pavillon chinois en août, comme bateau de pêche, et voguait au nord des Matsu.

L’officier taïwanais montre avec fierté les vidéos de la saisie. Sur un navire de 600 tonnes missionné depuis l’île principale de Taïwan, équipé d’une mitrailleuse 20 millimètres, Lin Chie-min hurle des avertissements au mégaphone ; ses hommes aspergent les contrevenants au canon à eau. Les gardes-côtes, dans leurs bateaux cinq à vingt fois plus petits, peinent dans les puissants remous soulevés par la drague arraisonnée, qui pousse ses moteurs à fond. Les hommes de Lin doivent ainsi sauter sur le pont adverse entre deux oscillations de plusieurs mètres, le tout en pleine nuit. Annotant une carte de l’archipel, le commandant explique les défis qu’affrontent ses troupes assiégées. « Les eaux restreintes définies par Taïwan s’étirent sur 4 000 mètres autour de nos côtes. Nous avons un droit de poursuite jusqu’à 6 000 mètres. Mais, entre Nangan et Juguang, il reste un couloir dans lequel nous ne pouvons pas intervenir. Ils le savent, et c’est là qu’ils se regroupent. » 

Convoitise. Les îles taïwanaises Matsu, Kinmen et Penghu, proches du continent, sont cernées par les navires chinois, de plus en plus nombreux.

Militarisation des gardes-côtes. La question mobilise aussi en haut lieu. « Nous enverrons davantage de navires à Penghu et aux Matsu », a promis, fin 2020, au quartier général de Taipei, Chuang Ching-ta, directeur des gardes-côtes et vice-ministre siégeant au Conseil des affaires de l’océan. Trois navires de 500 tonnes seront stationnés à Nangan en 2021. « Ces actions vont à l’encontre des tendances internationales et des objectifs pour le développement durable de 2030 définis par l’ONU », proteste-t-il, rappelant Pékin à ses engagements. Et de conclure : « Nous combattrons quiconque viole la souveraineté de Taïwan ou nos droits de pêche. Mais chasser les dragues n’est pas notre seule mission », reconnaissant à demi-mot la difficulté d’un combat inégal face au géant chinois, mené sur plusieurs fronts – pêche illégale, contrebande, milices maritimes, archipels fortifiés en mer de Chine du Sud… Spécialiste de la conservation des océans, le directeur Chuang a depuis passé le témoin à un vice-amiral, un militaire de carrière – signe selon les médias taïwanais d’un tournant chez les gardes-côtes, de plus en plus militarisés.

Sous pression, ceux-ci doivent montrer les muscles. Car les élus de la Cour législative, le « Parlement » de Taïwan, se sont emparés de l’affaire durant l’été. Scandalisés par l’impunité des mineurs de sable chinois, les politiciens surenchérissent pour monter un nouvel arsenal répressif. « Du fait de la complexité du problème, une « attaque combo », comme on dit dans les arts martiaux, est nécessaire, car aucune initiative unique ne sera suffisante », justifie Lii Wen. Les amendes culmineront désormais à 100 millions de dollars de Taïwan (2,9 millions d’euros), contre seulement 1 million (29 000 euros) auparavant. Et les marins des dragues chinoises encourront d’un à sept ans de prison. En outre, les navires saisis ne seront plus seulement revendus aux enchères, à l’issue desquelles ils finissaient parfois par revenir à leurs riches propriétaires chinois. « Nous envisageons d’autres options, comme de nous en servir de cibles pour des exercices militaires, d’en faire des récifs artificiels ou de les démonter », indique Lii Wen. Les navires ainsi coulés ont pour vertu de constituer des obstacles au dragage du sable et à la pêche. Enfin, une dernière solution, sur laquelle planche le DPP, serait d’établir une « zone de conservation maritime » qui couvre les intervalles hors eaux restreintes entre les îles, comme entre Nangan et Juguang.

4 000 interventions

ont été effectuées par les gardes-côtes taïwanais en 2020 contre 600 en 2019.

Une question de souveraineté. Mais l’opposition exige encore davantage. Des parlementaires du Parti populaire taïwanais (TPP), fondé en 2019 pour offrir une alternative au DPP et au Kuomintang, veulent renforcer le Conseil des affaires de l’océan, administration créée il y a deux ans pour affirmer l’identité insulaire du pays. « Le DPP et le ministère de l’Intérieur se contentent d’alourdir les peines, alors qu’il y a d’abord un problème de gouvernance », critique Mme Tsai Pi-ru, qui a déposé un projet d’amendement au nom du TPP. « Nous proposons de confier la lutte contre le dragage au Conseil des affaires de l’océan et non plus au ministère de l’Intérieur. Le DPP y a bien entendu pensé, mais ils n’osent pas le faire, ajoute-t-elle malicieusement dans son bureau de la Cour législative. Si on confie le dossier au Conseil et non au ministère, cela indique qu’il ne s’agit plus d’affaires intérieures, mais que c’est une question de souveraineté ! » Une manœuvre susceptible de mettre en colère Pékin, qui menace régulièrement Taïwan de représailles pour la moindre action qui confirmerait son indépendance de facto… Or Taipei mise aussi sur la coopération de la Chine. « Il y a de toute manière déjà des discussions sous la table entre le Conseil des affaires de l’océan et leurs homologues chinois. Cela ne ferait qu’officialiser les choses ! » confie la parlementaire.

Armada. Au large de Nangan, l’île principale des Matsu, le 10 décembre. Dans cette zone, on compte parfois, depuis 2019, plus d’une centaine de bateaux dans la même journée.

« Face au tollé dans les médias taïwanais, les Chinois ont commencé à agir », veut croire pour sa part Wang Chien-hua, de l’administration locale des Matsu, dirigée par le Kuomintang, partisan du rapprochement avec la Chine. C’est lui qui, au niveau local, maintient le contact avec les autorités chinoises. « Ils sont sincères. Il y a même eu un article dans la presse chinoise. » Il mise sur une réunion prochaine avec ses homologues de la municipalité de Fuzhou – les rencontres précédentes, en 2020, ayant été annulées à cause du Covid-19. En signe de bonne volonté, lors des opérations des Taïwanais en octobre, les gardes-côtes chinois ont joué le jeu d’une opération conjointe, patrouillant dans leurs propres eaux. Sans convaincre grand-monde. « Les gardes-côtes chinois reçoivent de l’argent pour coopérer avec les mineurs de sable ! » accuse Liu Yusheng, de l’association des pêcheurs, qui martèle que le secteur en Chine est dominé par quelques grandes entreprises d’État. Très présente dans le Fujian, la toute-puissante China Communications Construction Company (CCCC), leader mondial du dragage de sable, a d’ailleurs été ajoutée sur une liste de sanctions par les États-Unis en août 2020 pour son implication dans la militarisation et l’artificialisation d’îlots disputés en mer de Chine méridionale.

« Lutter contre le dragage est une bataille contre des titans, reconnaît Lii Wen. Mais y mettre fin est crucial autant pour notre nation que pour l’environnement marin de toute la région. D’autres pays affrontent ce dragage illégal à une échelle comparable. Taïwan ne battra pas en retraite. »

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