EXCLUSIF – 67% des Français ne font pas confiance à l’exécutif sur le thème de la sécurite, mais la guerre en Ukraine rebat les cartes, selon le dernier baromètre Fiducial-Odoxa «Sécurité des Français» pour Le Figaro. 23 MARS 20232
Au terme de cinq années d’un pouvoir sans partage, l’exécutif n’aura pas réussi à rassurer nos concitoyens, plus que jamais angoissés par la violence pourrissant leur quotidien et par les menaces qui tétanisent le pays en profondeur. Le dernier baromètre Fiducial-Odoxa «Sécurité des Français» pour Le Figaro est formel: 67% de nos compatriotes continuent à afficher leur défiance sur ce sujet pourtant majeur.
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Même si la cote du gouvernement remonte de 5 points depuis l’automne dernier, elle reste en deçà des résultats obtenus au début de la mandature. Le tableau est donc sombre, plombé par un sentiment d’insécurité qui demeure élevé, pour s’établir à 63%. Il n’y a guère que sur le front de la lutte contre le terrorisme, que le gouvernement tire son épingle du jeu, avec 43% d’avis positifs.
Emmanuel Macron, «le candidat le plus compétent»
À trois semaines du premier tour de la présidentielle, un tel panorama pourrait inquiéter l’Élysée, où l’on cherche à convaincre que le régalien n’est pas un angle mort du quinquennat passé. Mais ce ne sera pas le cas, car, sur le front de la lutte contre le terrorisme et de la délinquance, Emmanuel Macron profite de l’effet «chef de guerre» qui le fait caracoler en tête de tous les sondages depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine. «Testé en concurrence, le chef de l’État ressort comme le plus rassembleur des candidats», notent les analystes du baromètre, qui relèvent que l’hôte élyséen «l’emporte sur tous les critères».
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De fait, en matière de sécurité, le président est ainsi considéré comme «le candidat le plus compétent» pour 36% des Français, soit 15 points devant Marine Le Pen, sa rivale la plus directe, et devant Jean-Luc Mélenchon, qui décroche à 11%, en troisième position. Emmanuel Macron est aussi jugé «le plus sérieux» et «le plus efficace», distançant de 10% Marine Le Pen et de 20% Éric Zemmour. Dans la catégorie du «candidat le plus innovant», l’ex-polémiste pointe en deuxième position (20%), dans un mouchoir de poche juste derrière Macron (23%) et devant sa rivale à l’extrême droite, Marine Le Pen (19%). «Le président n’est réellement concurrencé que sur un seul critère: la capacité à offrir de nouvelles solutions sur la sécurité, résume le baromètre. Cela s’explique: il est plus difficile de donner le sentiment de proposer de nouvelles idées lorsque l’on est déjà aux commandes.»
En perte de vitesse, Valérie Pécresse est surclassée sur tous les tableaux. La présidente de la région Île-de-France n’est, au mieux, citée que par 8% des sondés. Elle touche même le fond à 6% sur le thème de l’efficacité. Une vraie contreperformance, alors même que Les Républicains ont toujours fait de la sécurité un mantra et une boussole programmatique.
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«Les Français font souvent nettement plus confiance aux candidats de droite et d’extrême droite, perçus comme les plus crédibles», insistent les auteurs du baromètre Fiducial-Odoxa pour Le Figaro, qui révèle que Marine Le Pen recueille ainsi la confiance de 49% des Français pour assurer leur sécurité. «Si Éric Zemmour et Valérie Pécresse sont relégués à 15 points derrière, Emmanuel Macron obtient un score (46%) proche de la candidate du Rassemblement national», relève le document.
Le troisième domaine de préoccupation
Même s’il est un peu en recul dans l’opinion par rapport à la précédente élection de 2017, ce thème de campagne constituera le troisième domaine de préoccupation comptant le plus au moment de passer dans l’isoloir le 10 avril prochain (22%), derrière le pouvoir d’achat (57%), devenu central avec l’envolée des prix et la santé (28%) en raison de la pandémie. Le baromètre en atteste: aux yeux de 79% des Français, les propositions en matière de sécurité seront prépondérantes pour déterminer leur choix et 56% d’entre eux affirment même qu’ils pourraient «changer de bulletin de vote si leur candidat présente des mesures en désaccord avec leurs idées» sur ce thème bien spécifique.
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Dans la mesure où 72% des Français jugent que la politique a un impact important sur le sujet, soit nettement plus que sur l’éducation (66%) ou sur l’environnement (53%), autant dire que les programmes sont lus au laser. Mais toutes les propositions de campagne ne font pas mouche. De fait, certaines mesures sont plébiscitées. C’est notamment le cas du «recrutement de policiers et de gendarmes» ou de l’«augmentation du budget de la justice et du nombre de magistrats». Ces deux mesures, prônées par les principales écuries à la course présidentielle, sont respectivement approuvées par 86% et 80% des Français. «D’autres mesures sont plus marquées idéologiquement, mais séduisent cependant la quasi-totalité des Français», soulignent les auteurs du baromètre.
Un message clair
Ainsi en va-t-il de l’idée de Yannick Jadot et de Fabien Roussel de créer une «police nationale de proximité», approuvée par 87% des Français. Ou encore celle de «l’établissement d’une perpétuité réelle», défendue par Marine Le Pen et Éric Zemmour et soutenue par 86% des Français. «Les deux candidats proposent aussi l’expulsion des délinquants et criminels étrangers, mesure approuvée par 86% des Français et jugée efficace par 83% d’entre eux», ajoute l’étude, qui observe que certaines propositions sont rejetées par près d’un tiers de l’opinion.
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C’est notamment le cas de la «généralisation des amendes forfaitaires»prônée par Emmanuel Macron, de la création d’une «présomption de légitime défense pour les forces de l’ordre» proposée par Marine Le Pen et Éric Zemmour, ou encore l’abaissement de la majorité pénale à 16 ans qu’imaginent la candidate Les Républicains et son rival de Reconquête!. «Enfin, soulignent les analystes, deux propositions sont rejetées par les Français: 50% d’entre eux sont défavorables et jugent inefficaces la territorialisation des peines proposée par Valérie Pécresse ; ils sont également 58% à se déclarer opposés et à estimer inopérante la légalisation du cannabis, défendue par Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon.»
Plus que jamais, le baromètre Fiducial-Odoxa pour Le Figaro envoie un message clair: nos concitoyens veulent d’abord et en urgence des solutions pour endiguer les vols, les insultes ou les actes de vandalisme, qui forment la délinquance du quotidien (34%, soit 5 points de plus par rapport à 2017), mais aussi pour faire baisser les attaques contre les personnes et les biens (26%, +3 points). À l’approche d’une échéance cruciale pour le pays, ils exhortent les responsables politiques à la fermeté.