Un conflit en roue libre 

Scroll down to content

« Halte à l’huile sur le feu ! »

Marcel du Pont 

– 

13 mai 2022. CAUSEUR

Un conflit en roue libre
Ursula von der Leyen en visite à Boutcha, Ukraine, 8 avril 2022 © Vojtech Darvik Maca/CTK via AP Images/SIPA

La guerre en Ukraine est sur une mauvaise pente. En cause, l’emballement des Occidentaux submergés par leur émotion. En multipliant les livraisons d’armes lourdes, en délaissant la diplomatie et en rêvant de la défaite de la Russie, ils accumulent dangereusement les erreurs stratégiques…


« Mal réfléchi », ainsi Jean-Pierre Chevènement qualifiait-il les fausses bonnes idées. La guerre en Ukraine en est une, qui a mis Poutine et la Russie dans un sale pétrin. Pas une raison pour pérorer de notre côté. Avec un peu plus de considération pour les intérêts des Russes, une attitude un peu plus raisonnable des Américains et un réel engagement en faveur des efforts franco-allemands il y a sept ans, nous n’en serions pas là.

Avoir commis des erreurs ces dernières années ne constitue pas un blanc-seing pour continuer à en faire. Or c’est ce que nous faisons. La guerre dans le Donbass était régionale. Avec l’invasion de l’Ukraine, la Russie en a fait un conflit Est-Ouest. Nos sanctions et nos livraisons d’armes massives en font une guerre totale (militaire, monétaire, économique) et mondiale, puisque les puissances extérieures à la zone, asiatiques ou du Golfe par exemple, sont contraintes de se positionner par rapport à nos sanctions.

À l’arrivée, nous avons sur les bras une guerre chaude avec une puissance nucléaire et une guerre froide impactant le monde entier. Et la surenchère n’en finit pas. Où allons-nous ? Où voulons-nous aller ? Le savons-nous nous-mêmes ? Je crains fort que la réponse soit négative.

Belligérants à l’insu de leur plein gré

Nos compétents experts en droit international affirment que les livraisons d’armes ne font pas de nous des cobelligérants. Vision rassurante mais purement théorique. On pense forcément l’inverse à Moscou en constatant que l’armée russe est frappée quotidiennement par les armes américaines et européennes. Le chef de la CIA a raison de s’inquiéter du risque croissant d’une frappe nucléaire tactique. En France, Maurice Gourdault-Montagne (MGM, pour les intimes), diplomate sérieux, raisonnable, expérimenté, a tiré des sonnettes d’alarme dans les médias le mois dernier. Sur Europe 1, appelant à la prudence, il a conclu la liste des livraisons d’armes effectuées par un cri du cœur angoissé : « Et quoi, encore ? » Pauvre Maurice…

Depuis son appel à la raison, les livraisons se sont emballées. Après les armes légères, les missiles de toute nature, les véhicules blindés, voici venu le temps des chars, hélicoptères et des avions de chasse. Les quantités livrées sont astronomiques. Au point que les journaux américains s’inquiètent de la rapide diminution des stocks de missiles et autres armes de guerre au sein de l’armée (Bloomberg, 14 avril 2022). Les Ukrainiens en font une consommation massive sur le terrain et les usines de production de missiles n’arrivent pas à suivre la cadence. Du côté des Européens, la situation est pire puisque les stocks sont plus limités, notamment en ce qui concerne les armements d’origine russe que sait

Article réservé aux abonnés

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

%d blogueurs aiment cette page :