Par Patrick Saint-Paul. LE FIGARO
16 juin 2022
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Patrick Saint-Paul. Le Figaro
L’éditorial du Figaro, par Patrick Saint-Paul.
En pleine bataille législative, le chef de l’État abandonne le front de la politique intérieure pour se projeter sur celui de la guerre russo-ukrainienne. Il fallait s’y attendre, ses détracteurs dénoncent une manœuvre chargée d’arrière-pensées politiciennes. Emmanuel Macron disait vouloir faire en Ukraine une visite «utile».Il attendait le moment opportun… En politique, comme en diplomatie, tout est affaire de temporalité. Un double constat, sur le front intérieur et en Ukraine, le «en même temps» atteint ses limites avec ce contretemps.
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Électoralement, qu’y a-t-il à gagner à Kiev alors que les Français sont préoccupés par la flambée des prix et leur pouvoir d’achat? Jean-Luc Mélenchon dénonce un «manque de respect» du président pour les électeurs. Le chef des armées lui a répondu de Roumanie, après avoir passé en revue les troupes de l’Otan, l’accusant d’«affaiblir la France et sa sécurité» au risque deconforter ceux qui dénoncent un «mélange des genres», une «instrumentalisation». Le pari électoral sera-t-il gagnant, malgré tout? Réponse dimanche soir. Zelensky a marqué son impatience
La visite de Macron en Ukraine sera-t-elle davantage utile d’un point de vue diplomatique? Le symbole est fort! Les trois poids lourds de l’Europe se rendent au chevet d’une Ukraine en guerre: c’est une façon de lui dire qu’elle fait déjà partie de la famille. Ils sont venus adresser un message de «soutien» à Kiev «à la fois pour le présent et pour l’avenir». Mais, au-delà de la symbolique, le geste n’effacera peut-être pas, à lui seul, les réticences au sein de l’UE pour attribuer à l’Ukraine le statut de candidat à l’entrée dans l’Union… Le président ukrainien a manifesté une certaine impatience, les laissant seuls dans les ruines de la banlieue martyre d’Irpin.
Macron est un allié mal-aimé des Ukrainiens. Ils déplorent que, au lieu d’afficher sa solidarité à Irpin, début avril, après le départ des Russes et la découverte de leurs crimes, il ait appelé, en mai, à «ne pas humilier» la Russie. Les Ukrainiens voudraient bien que ce président hyperactif cesse de «macroner», une expression qui a fait une entrée fracassante dans leur lexique: parler pour ne rien dire…