Le président russe a donné l’ordre à ses troupes de « mener à bien leur mission » en application des « plans déjà approuvés ».
Publié le 05/07/2022 L’EXPRESS
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Au lendemain de la prise de Lyssytchansk et alors que l’armée russe accentue la pression dans le Donbass, Vladimir Poutine a coupé court à toute possibilité d’un arrêt des combats. Dans un entretien avec son ministre de la Défense Sergueï Choïgou, mené à Moscou, le dirigeant a exhorté ses troupes à poursuivre la guerre. Dans le nord-est du pays, à Kharkiv, la deuxième ville d’Ukraine, trois civils sont morts dans des bombardements survenus lundi avant l’aube, affirment les autorités locales.
Zelensky rappelle à ses hommes que les combats nécessiteront « du temps et des efforts »
L’ordre donné par Vladimir Poutine à ses troupes a entraîné une réaction immédiate du président ukrainien, Volodymyr Zelensky, puisque dans son allocution quotidienne, lundi soir, le dirigeant a convenu que les combats devraient durer dans le temps : « C’est une mission difficile, qui nécessite du temps et des efforts surhumains. Mais nous n’avons pas d’autre choix ». L’objectif fixé par Zelensky : « briser » l’ennemi. Mais pour l’heure, la priorité est surtout à l’endiguement de l’armée russe qui continue à avancer dans l’est du pays.
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Dimanche soir, l’état-major de l’armée ukrainienne avait annoncé le retrait de ses unités engagées à Lyssytchansk, le dernier bastion de Kiev dans la région de Lougansk, que Moscou dit désormais contrôler totalement. Les troupes russes se dirigent désormais vers deux villes majeures de la région voisine de Donetsk, à l’ouest : Sloviansk et Kramatorsk. Les soldats ukrainiens ont pour ordre de les contenir. Mais cette offensive au-delà de la région de Lougansk fait craindre aux Ukrainiens et aux chancelleries européennes la perspective d’un élargissement du conflit.
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Vers un « débordement progressif » du conflit vers l’est
« L’effort principal de l’ennemi (…) vise à un débordement progressif ». L’avertissement provient de l’état-major ukrainien. Les tentatives d’assauts russes se multiplient à divers endroits du territoire, ce qui vise à élargir la zone de combat et ainsi prendre le dessus sur les capacités ukrainiennes. Lundi soir, l’armée ukrainienne a fait état de tentatives d’assaut russes repoussées dans les régions de Kharkiv (nord-est) et de Donetsk.
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Les troupes ne sont pas, pour autant, parvenues à écarter totalement les envahisseurs dans d’autres localités puisque près de Sloviansk, « l’ennemi lance des assauts dans la direction de la localité de Mazanivka et y réussit partiellement », a prévenu l’état-major. Les combattants russes se rapprochant de Sloviansk. La ligne de front semble ainsi se rapprocher de cette cité de l’oblast de Donetsk, habituellement peuplé par 100 000 habitants.
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Les autorités locales ont ordonné aux habitants de fuir. Les rues de Sloviansk étaient presque désertes lundi matin, selon des journalistes de l’AFP qui étaient présents sur place. « Rien de bien ne va se passer, le mieux c’est de partir », expliquait Viktoria Koloty, une femme de 33 ans, croisée par les journalistes qui confiait avoir déjà fait exfiltrer ses enfants.
La reconstruction de l’Ukraine au coeur de la conférence de Lugano
Planifiée bien avant la guerre, la conférence de Lugano en Suisse devait initialement évoquer la question de la corruption en Ukraine, les débats qui se poursuivront jusqu’à ce mardi soir sont finalement tournés vers le défi de la reconstruction de l’Ukraine, détruite par les bombardements russes. Si le président, Volodymyr Zelensky ne s’est pas déplacé, le Premier ministre Denys Chmygal et le président du Parlement, Rouslan Stefantchouk, sont arrivés à Lugano dès dimanche.
Lors de leur rencontre avec la présidente de la commission européenne Ursula von der Leyen ou au contact d’autres dirigeants, le Premier ministre et le chef du parlement ont insisté sur deux phases de reconstruction. L’urgence est d’aider la population touchée par la guerre avant, dans un deuxième temps, de financer des milliers de projets de reconstruction, ce qui amène à long terme à préparer une Ukraine européenne, verte et numérique, a expliqué Denys Chmygal. Les bases d’une sorte de « Plan Marshall » pour l’Ukraine sont posées.
Le coût de la reconstruction estimé à 750 milliards de dollars par le Premier ministre
La tâche de la reconstruction du pays s’avère difficile et l’effort financier colossal car des centaines de villes et villages sont détruits. Le coût de la reconstruction de l’Ukraine a été estimé ce lundi à au moins 750 milliards de dollars par Denys Chmygal, lors de la conférence de Lugano en Suisse, qui doit esquisser le plan de redressement du pays envahi par la Russie.
Pour soutenir financièrement cette reconstruction, plusieurs options sont sur la table. Denys Chmygal a lui une idée arrêtée sur la question : une « source clé » de financement devrait être la saisie des avoirs de la Russie et des oligarques russes gelés dans le cadre des sanctions internationales contre Moscou. Si l’on en croit les chiffres des autorités ukrainiennes, les avoirs russes gelés dans les pays occidentaux sont à eux seuls évalués à 300 à 500 milliards de dollars.