Delhommais – Vivement le chaos !

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ÉDITO. Les nuages économiques s’amoncellent sur une France bloquée politiquement. Paradoxalement, cela peut être une chance pour stopper les dépenses.

La France se trouve extremement vulnerable et fragile pour faire face aux orages qui s'annoncentdans le ciel economique mondial.
La France se trouve extrêmement vulnérable et fragile pour faire face aux orages qui s’annoncentdans le ciel économique mondial.© AURELIEN BREAU / MAXPPP / LE COURRIER DE L’OUEST

Par Pierre-Antoine Delhommais. LE POINT

Publié le 01/07/2022 à 17h00

Le pire n’est jamais certain en économie, mais il est toujours sage et utile de l’envisager afin de pouvoir s’y préparer. C’est ce que vient de faire la Banque de France en présentant dans ses dernières prévisions un scénario qualifié par euphémisme de « défavorable », reposant sur l’hypothèse d’une prolongation de la guerre en Ukraine. Avec entre autres conséquences une envolée supplémentaire et durable des prix de l’énergie et de l’inflation globale (7 % en 2023), mais aussi une récession qui commencerait dès l’automne et se poursuivrait l’année prochaine (– 1,3 % de recul du PIB). Des perspectives d’autant plus inquiétantes que la plupart des experts militaires anticipent un conflit s’installant dans la durée.

Si l’on ajoute à cette menace géopolitique celles d’une éventuelle résurgence de la pandémie de Covid-19 mais également d’un resserrement brutal de la politique monétaire américaine, entraînant jusqu’en Europe une forte hausse des taux d’intérêt, ce sont de très gros nuages noirs qui s’accumulent dans le ciel économique mondial.

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Une campagne aux allures de lavage de cerveau

La France se trouve extrêmement vulnérable et fragile pour faire face à ces temps orageux annoncés. D’abord parce que les Français ne sont pas prêts psychologiquement à les affronter après des mois de campagne électorale ayant pris des allures de lavage de cerveau. Avec des candidats de tous bords politiques passant soigneusement sous silence la détérioration de la conjoncture internationale et promettant en revanche des lendemains économiques radieux grâce à des programmes plus magiques et délirants financièrement les uns que les autres.

Ensuite parce que notre pays aborde cette période économique à très hauts risques dans une situation de grande faiblesse. Le portrait dressé à l’Élysée et à Bercy d’une économie française rayonnante et dynamique, attractive et compétitive, est à peu près aussi proche de la vérité que le récit fait par Gérald Darmanin des incidents survenus au Stade de France lors de la finale de la ligue des Champions. La réalité factuelle est qu’avec une dette atteignant 2 901,8 milliards d’euros, nos finances publiques n’ont jamais été dans un état aussi catastrophique et qu’avec un déficit annuel dépassant les 100 milliards d’euros, nos échanges commerciauxn’ont jamais présenté un tel déséquilibre. Quant aux commentaires triomphants sur la baisse du chômage, ils doivent être sérieusement relativisés quand on sait que celui-ci a fortement reculé partout en Europe depuis l’automne 2020 et que la France détient encore le quatrième taux de chômage le plus élevé (7,3 %) parmi les 27 pays de l’Union européenne, devancée seulement par la Grèce, l’Espagne et l’Italie.

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Remèdes miracles, mensonges et carabistouilles

Les résultats des élections présidentielle et législatives ont de surcroît indiqué que la rationalité économique reste nettement minoritaire dans notre pays. Mais qu’environ 60 % des Français sont convaincus qu’il existe des remèdes miracles pour augmenter le pouvoir d’achat et qu’accroître encore les dépenses publiques dans un pays qui détient le record du monde dans ce domaine est le meilleur moyen de résoudre tous les problèmes économiques et sociaux. Ou qu’enfin il est possible et souhaitable de ramener l’âge de départ à la retraite à 60 ans quand en Allemagne, où il a été porté à 67 ans, l’idée même de l’abaisser est jugée tellement insensée financièrement qu’aucun parti politique ne songerait un seul instant à la proposer.

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Même si, ce qui est en soi plutôt une bonne nouvelle, un gouvernement empêché d’agir est aussi un gouvernement empêché de dépenser toujours plus un argent public qu’il n’a pas, la situation actuelle de blocage parlementaire n’arrange évidemment rien. Au point qu’on finirait presque par souhaiter que le scénario catastrophe évoqué par la Banque de France se réalise. Et que confronté au chaos économique, financier et social, le pays n’ait plus d’autre choix, sous la pression conjuguée de nos partenaires européens et des marchés, que de se réformer enfin et que les Français cessent de croire si naïvement à tous les mensonges et carabistouilles économiques qu’on leur raconte depuis tellement longtemps.

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