Céline Pina: «Avec Éric Piolle, les islamistes ont trouvé leur cheval de Troie»

Par Céline Pina. LE FIGARO

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Éric Piolle, maire EELV de Grenoble.

Éric Piolle, maire EELV de Grenoble. AFP

TRIBUNE – Malgré l’interdiction du burkini par le Conseil d’État, des femmes ont pu se baigner avec des «maillots couvrant» à Grenoble. Pour l’essayiste, cette affaire dévoile simultanément la complicité des élus et la faiblesse de l’État face à un Islam politique de plus en plus offensif.

Ancienne élue locale, Céline Pina est essayiste et militante. Elle est la fondatrice de «Viv(r)e la République», elle a également publié Silence coupable (Kero, 2016) et Ces biens essentiels (Bouquins, 2021).


Malgré l’interdiction du port du burkini dans les piscines municipales, Alliance citoyenne, l’association proche des Frères musulmans, qui tente de faire de Grenoble un laboratoire du séparatisme, a organisé une nouvelle «opération burkini». Avec succès puisque quatre d’entre elles ont été autorisées à se baigner en burqa de bain. La décision du Conseil d’État a été ridiculisée de manière délibérée par l’alliance entre le maire et les activistes, les deux jouant sur les ambiguïtés de sa rédaction. C’est respecter la forme pour mieux violer le fond. Cette manière d’imposer le séparatisme dans les faits, en se moquant de la substance de la loi et du règlement, est une méthode connue des islamistes. Elle est en train de s’imposer grâce à la lâcheté et la complicité de maires et d’élus comme Éric Piolle.

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Grenoble est en train de devenir un des laboratoires de l’islamisme version Frère musulman pour imposer le voile dans l’espace public et faire de ce marqueur islamiste un vecteur incontournable de l’identité musulmane. Cette offensive séparatiste a trouvé une nouvelle arène: la piscine municipale. Il s’agit d’y imposer le voile intégral jusque dans les bassins. Pour cela, la burqa de bain est rebaptisée burkini pour faire croire qu’elle serait une alternative islamique pudique au bikini. Le but du jeu est de se distinguer en tout point de la culture française. La réislamisation selon la méthode des Frères musulmans passe par l’installation d’un conflit de loyauté culturel et religieux ainsi que la mise en scène du refus des valeurs occidentales assimilées à une forme de dépravation. L’Occidentale aime à se mettre à nu, la femme musulmane, elle, se respecte et fait preuve de pudeur et de modestie. Derrière les provocations incessantes autour de la promotion du burkini, il y a la volonté d’instaurer une clôture communautaire rigide séparant les musulmans du reste de la population.

En annexant le terme de musulman, les islamistes se protègent et transforment les revendications de l’islam politique en appel à la tolérance culturelle et l’acceptation des manifestations d’intégrisme en certificat d’antiracisme.Céline Pina

C’est ce qui est en train de se jouer à Grenoble où l’influence des Frères musulmans dans l’entourage d’Éric Piolle est palpable dans ses actions comme dans son discours. Le maire est un allié objectif d’Alliance citoyenne, l’association qui milite pour l’imposition du burkini dans les piscines municipales. C’est ainsi que, malgré la suspension par le Conseil d’État du règlement autorisant le port du burkini à la piscine, celui-ci a été autorisé par le cabinet du maire lorsque les activistes d’Alliance citoyenne ont forcé l’entrée de la piscine. Le maire a joué sur une argutie juridique concernant la composition de la tenue. Il a utilisé la lettre du règlement pour violer le fond du jugement du Conseil d’État. En effet, le problème que pose le burkini n’est pas lié à la présence ou non d’une jupette, mais au fait qu’il soit une revendication religieuse et communautaire, réclamant un traitement dérogatoire d’une catégorie d’usager.

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Le problème n’est cependant pas juridique mais politique. C’est en ce sens que l’attitude du maire de Grenoble est profondément hypocrite et manipulatrice. Il n’ignore rien des revendications séparatistes d’Alliance citoyenne. Elles ne sont d’ailleurs pas particulièrement cachées. Les éléments de langage de l’association sont révélateurs de son idéologie. Alliance citoyenne, en se rebaptisant à l’occasion «syndicat des femmes musulmanes», illustre cette volonté de brouiller les frontières entre islamistes et musulmans. En annexant le terme de musulman, les islamistes se protègent et transforment les revendications de l’islam politique en appel à la tolérance culturelle et l’acceptation des manifestations d’intégrisme en certificat d’antiracisme. On nage en pleine inversion des valeurs.

Le voile intégral et son pendant nautique, le burkini, ne sont pas les indicateurs de la respectabilité de la femme musulmane. Nombre de musulmanes ne portent pas le voile, elles sont nombreuses à s’y opposer et à se battre contre lui. Non qu’elles ne soient pas croyantes, elles refusent de le porter car elles connaissent sa signification: il dit l’infériorité de la femme par rapport à l’homme et l’impureté de son corps. Il a une signification objective et marque un refus d’égalité lié au sexe. Il fait passer le même message à l’extérieur, quelles que soient les intentions personnelles de la femme qui le porte.

Alain Carignon, a réclamé sa suspension puisqu’Éric Piolle s’est montré incapable de jouer son rôle et d’être le garant de l’esprit de notre contrat social et du respect de la loi. Sur le fond, il n’a pas tort.Céline Pina

Hélas il se trouve que les islamistes ne cessent de gagner en influence dans la communauté musulmane. Ils ne sont pas marginaux mais donnent de plus en plus le ton. Reprendre leur argumentation victimaire qui fait passer la défense de l’égalité entre les hommes et les femmes pour la persécution des musulmans est payant électoralement, c’est donc toute honte bue que certains élus relaient leurs revendications. C’est le cas du maire de Grenoble. Son opposant, Alain Carignon, a réclamé sa suspension puisqu’Éric Piolle s’est montré incapable de jouer son rôle et d’être le garant de l’esprit de notre contrat social et du respect de la loi. Sur le fond, il n’a pas tort. Un maire, contrairement aux anciens féodaux, ne dispose pas du droit de justice ni d’édiction de la loi. Il est avant tout un serviteur de l’État et non au service de ses propres obsessions. Néanmoins, l’arrêt du Conseil d’État est suffisamment ambigu pour qu’il ne soit pas si aisé de rappeler l’édile à l’ordre. En revanche la dissolution d’Alliance citoyenne, elle, serait plus facile et donnerait un signal d’avertissement fort et cohérent.

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Cela devient d’autant plus urgent que l’influence des Frères musulmans ne cesse de grandir à gauche. L’expulsion annoncée d’Hassan Iquioussen, prédicateur islamiste proche des Frères musulmans, ce mouvement radical considéré comme une organisation terroriste par de nombreux pays, a suscité une levée de boucliers de toute la sphère islamo-gauchiste. De la LFI à la Ligue des droits de l’Homme, en passant par Edwy Plenel, les alliés objectifs des islamistes se mobilisent pour un homme dont l’antisémitisme, le radicalisme, le rejet de la France et de ses principes comme les ambiguïtés sur le terrorisme sont connus et reconnus. Ils nient à notre pays le droit de choisir qui il accueille ou refuse sur son sol et se planquent derrière l’État de droit pour permettre à des discours radicaux et totalitaires de continuer leur œuvre d’ensemencement et de semer les graines de la violence communautaire.

La question du séparatisme ne se résoudra pas via le juridisme, mais par l’affirmation d’une volonté politique forte et la multiplication des symboles. Le Sénat, par la voix de Michel Savin, sénateur LR de l’Isère, avait tenté d’inscrire l’interdiction du burkini dans la loi, en 2021, à l’occasion de l’examen du projet de loi confortant le respect des principes de la république. Son amendement avait été combattu par la majorité LREM. Ce choix, analysé comme une preuve de la faiblesse du pouvoir et de son incapacité à défendre nos idéaux et principes, a relancé l’offensive communautariste en la matière. Avec Éric Piolle, les islamistes ont même trouvé leur cheval de Troie.

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