Par Eugénie Boilait. LE FIGARO
Publié le 02/09/2022
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«Après la mort de Samuel Paty, je voyais bien que Laurent faisait un choc post-traumatique» (Carine Azzopardi). AFP
GRAND ENTRETIEN – Dans un ouvrage édifiant, Carine Azzopardi prête sa plume à un professeur de français, resté anonyme pour sa sécurité. Les deux auteurs nous ont accordé un entretien fleuve où ils témoignent et insistent sur l’importance d’un réveil des consciences pour faire face à la montée de l’islamisme en France.
Carine Azzopardi est journaliste au service Culture de France Télévisions. Le 13 novembre 2015, elle perd son compagnon, père de ses deux filles, au Bataclan.
Le Témoin est professeur de lettres depuis 1991. Défenseur de l’école républicaine et laïque, il témoigne anonymement aujourd’hui pour préserver sa vie et continuer d’enseigner. Laurent Valogne est un nom d’emprunt.
Les deux entretiens sont présentés successivement.
«Ces petits renoncements qui tuent», Carine Azzopardi et le témoin, 200p, 18€.Éditions Plon
FIGAROVOX. – Quelle a été la genèse du livre ? Que représente ce livre pour vous ?
Carine AZZOPARDI. – Cela s’est fait assez naturellement, après l’attentat contre Samuel Paty qui a particulièrement bouleversé Laurent. Moi, cela faisait longtemps que j’étais très touchée par les attentats. À chaque fois que cela se passe, j’essaie de me protéger mais je sais ce que la famille vit et suis nécessairement affectée. Après la mort de Samuel Paty, je voyais bien que Laurent faisait un choc post-traumatique. Nous échangions beaucoup à ce moment-là. Un jour, un ami lui a suggéré d’écrire un livre à ce sujet, de témoigner. Lorsqu’il m’en a parlé, cela m’a paru être une évidence. Il fallait se lancer et je lui ai proposé mon aide tout de suite.
On a commencé par des questions-réponses à l’écrit mais ça n’allait pas, c’était illisible. Nous avons alors changé de méthode et avons fait de longues interviews. Après l’écriture, le texte est resté assez longtemps dans les tiroirs. Au départ, l’anonymat a été une vraie problématique avec l’éditeur que nous avions trouvé (qui est toujours le même aujourd’hui). À cette époque-là, je l’aidais simplement à écrire, je ne pensais pas apparaître dans l’ouvrage. Nous sommes restés de longs mois sans savoir comment procéder. Il ne voulait pas sortir de l’anonymat et je le comprenais tout à fait. Ce n’était pas qu’une question de danger: il souhaitait aller tous les jours devant ses classes et il ne voulait pas être parasité par des débats extérieurs. Et il a eu raison, vu l’écho du livre.
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