L’école désemparée face aux vêtements islamiques

Par Aude Bariéty et Caroline Beyer. LE FIGARO

4 octobre 2022s

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DÉCRYPTAGE – Sujet tabou il y a quelques mois, le ministre de l’Éducation Pap Ndiaye reconnaît désormais une augmentation du port des abayas et des qamis.

«Il est vrai que depuis un an, le nombre de signalements relatifs à des tenues, disons islamiques, augmente. Il y a le fameux phénomène des abayas.» Ce mardi matin sur France 2, le ministre de l’Éducation nationale, Pap Ndiaye, s’est décidé à aborder un sujet encore totalement tabou il y a quelques mois. Celui du port des abayas, ces longues robes islamiques, et dans une moindre mesure des qamis, leur pendant masculin, qui s’impose peu à peu comme un phénomène bien réel dans les établissements scolaires. En attendant des données chiffrées qui devraient être rendues publiques mi-octobre.

Un phénomène qui «peut être en effet sous-tendu par des agitateurs professionnels, qui ne veulent ni de bien à l’école, ni de bien à la République. Nous ne sommes pas naïfs là-dessus. Il s’agit d’appliquer fermement la loi de 2004», a ajouté celui qui, en juin, affichait la prudence et la nécessité d’«évaluer à l’échelle nationale» ce phénomène dont les médias s’étaient faits l’échoÀ l’époque, plusieurs académies, notamment celle de Paris, ainsi que le Comité national d’action laïque (Cnal) avaient relevé la multiplication de ces tenues religieuses au moment du Ramadan.

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Des propos sans ambiguité

Il y a trois jours, la secrétaire d’État à la Citoyenneté, Sonia Backès, s’est emparée du sujet, avec ces propos sans ambiguïté sur Franceinfo: «Est-ce que quand on n’est pas de religion musulmane, on porte des abayas? La réponse est non. (…) Bien sûr que les abayas sont des marqueurs religieux. Celles qui (les portent) le font en provocation.» Venue de la droite, celle qui a succédé à Marlène Schiappa aux côtés du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a fermement rappelé la loi de 2004 – qui interdit les signes religieux dans les établissements scolaires -, s’opposant à toute «tolérance».

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Révélée par L’Express, la note du Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (CIPDR) s’inquiétant, fin août, du port de certaines tenues religieuses dans les écoles, collèges et lycées, a remis le sujet sur le devant de la scène. Cette note faisait état d’une recrudescence de discours islamistes sur les réseaux sociaux remettant en cause la loi de 2004. Le 16 septembre, le ministère de l’Éducation nationale invitait ses recteurs à la vigilance sur le port de «tenues susceptibles de manifester ostensiblement une appartenance religieuse». Cette missive évoquait clairement l’abaya et le qamis, «habituellement portés dans les mosquées», à qui «les élèves, et parfois leurs familles, dénient fréquemment toute dimension religieuse, mettant en avant leur caractère culturel»«Ces discours peuvent masquer une volonté de contournement de la loi», poursuivait le texte, qui appelait les recteurs à «une réponse unifiée».


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