Les leçons de l’Ukraine : Les mouvements de population brouillent les identités et provoquent les guerres

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Gabrielle Cluzel 10 octobre 2022 BOULEVARD VOLTAIRE

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Le conflit en Ukraine s’enkyste. Une guerre qui voit tristement se battre des chrétiens contre d’autres chrétiens, un spectacle auquel nul ne pensait plus devoir assister. Dans ce jeu de billards à cinq bandes, au-delà des visées impérialistes des uns et des tentations américaines des autres, il y a une réalité concrète : des mouvements de population qui, à un moment de l’Histoire récente de l’Ukraine, ont brouillé les identités et ébranlé les appartenances.

Pour les Ukrainiens, le Donbass est  leur terre :  les référendums ne sont que simulacres.  Pour les Russes, cette terre peuplée de Russes est russophone : elle leur appartient.

C’est l’histoire de ces trois derniers siècles qui veut ça : au XVIIIe, l’exploitation de houille, de sel, de gemme et de charbon provoque l’installation, en nombre, d’une population russe. Les Ukrainiens, à l’atavisme rural, continuent d’exploiter la terre. Des villes très denses, en revanche, se développent, habitées par les Russes.

Une deuxième vague d’immigration arrive à la fin de la seconde guerre mondiale : des ouvriers russes viennent reconstruire une région qui a été dévastée. Parallèlement, les bolcheviks imposent autoritairement la langue russe. À partir de 1938, le russe devient obligatoire dans les écoles. Ces diverses vagues d’immigration de travail ont modifié la structure démographique. Couplées à l’apprentissage de la langue, elles ont suffi à rapidement brouiller les cartes. Ukrainiens ou Russes, Russes ou Ukrainiens ? Ils se battent jusqu’à la mort pour le déterminer. Ils sont pourtant culturellement si proches.

Pas un jour, en France, sans qu’il soit question, dans l’actualité, d’immigration. Après les banlieues des grandes métropoles, les grandes métropoles elles-mêmes. Puis les bourgades de taille moyenne. Enfin, les villages. Avec l’installation programmée – et déjà amorcée – de migrants dans les campagnes reculées. Les villes industrielles française où s’est installée, dans les années 60, une main-d’œuvre étrangère sont plus semblables parfois, aujourd’hui, à une ville d’outre-Méditerranée où le ciel serait peu clément…  qu’à une cité française.

Les mêmes causes produisent les mêmes effets. Une nation n’est pas seulement un espace géographique. Elle existe à a travers ceux qui la peuplent. Si dans 10, 20 ou 30 ans, l’envie prenait à certains d’organiser un référendum d’auto-détermination, sommes-nous certains que le résultat, même non truqué, serait un « oui » à la France ? Quelle langue y parlera-t-on dans les rues et les commerces ? Est-ce cette sorte de partition que prophétisait François Hollande, dans le livre de Gérard Davet et Fabrice Lhomme Un président ça ne devrait pas dire ça…(Stock)

Et si deux peuples, comme ceux de l’Ukraine et de la Russie, si proches culturellement, ayant eu longtemps destin commun, en viennent à de telles extrémités pour faire chacun triompher leur identité, qu’en sera-t-il lorsque les creusets culturels des deux camps protagonistes seront très éloignées ? À défaut de résoudre le conflit ukrainien, peut-être pourrions-nous en tirer les leçons pour notre propre avenir…

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