La dépression du président-F.0.G

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ÉDITO. Loin d’être une personnalité forte et dominatrice, Macron, empêtré dans les différentes crises, semble avoir baissé les bras.

Emmanuel Macron lors du Conseil europeen.
Emmanuel Macron lors du Conseil européen.

Publié le 22/10/2022 LE POINT

Est-ce la France ou le président qui est en dépression ? Les deux. Alors que notre pays est entré dans un de ces psychodrames sociaux qui rythment son histoire récente, Emmanuel Macron semble en pilotage automatique, la tête ailleurs.

Président n’est pas un métier facile, surtout en France, nation émeutière, monarchiste et régicide. Ce travail consiste, pour l’essentiel, à prendre des horions ou des coups de pied dès que le temps se couvre. Depuis le soir de sa réélection, Macron semble avoir épuisé les joies de la fonction.

Malmenés que nous sommes par la « cégécécité », syndrome développé par un syndicat absurde qui a déjà détruit une partie du tissu industriel français, on peut comprendre la mélancolie présidentielle. La panne d’essence qui frappe la France, ces jours-ci, s’est doublée d’une panne de la raison.

Cégétiste ou insoumise, l’extrême gauche n’est plus de ce monde. Que  Philippe Martinez , le secrétaire général, ait osé dire, après être rentré d’urgence de Naplouse, qu’il avait dû « se faufiler » pour « échapper » aux « balles des militaires israéliens » qui, après enquête, n’existaient que dans son imagination, voilà bien le signe qu’il vit comme ses épigones dans un monde fantasmagorique. Ces bouffons veulent nous convaincre que la France – où tout ne va certes pas bien – vit toujours à l’heure de Germinal. Et ils font pleurer Margot sur le sort des affidés de la CGT qui gagnent quand même au moins quatre fois le smic net (en moyenne) mais qui ont bloqué les raffineries, dans une grève « préventive », avant les négociations annuelles. Bien installés dans leurs places stratégiques, les cégétistes font d’abord grève contre l’État, pour le grand soir. Contrairement à ce que pensent nos chers confrères qui ne donnent jamais la parole aux autres, leur centrale n’est plus le premier syndicat français mais le deuxième, après la  CFDT .

Comment réformer un pays qui est champion du monde de la grève, de la dépense publique et de la consommation d’antidépresseurs, trois records qui sont peut-être liés ? Avant de les brûler, notre pays adore les personnalités fortes, sûres d’elles-mêmes et dominatrices, qui savent où elles vont. Macron n’est pas de ce bois-là, et c’est tout son problème. Sur la plupart des sujets, il flotte, godille, cabote. Il fait songer aux trois sœurs de Tchekhov qui, dans la pièce éponyme, rêvent d’aller à Moscou, la ville de leur enfance heureuse, mais ne font rien pour réaliser leur projet. Elles parlent, elles procrastinent et le temps passe.

Où va Macron ? Que veut-il ? À force de se fuir et de se chercher « en même temps », il en est réduit à faire du surplace en se contemplant dans son beau miroir. Au début de ce second mandat apparemment mal engagé, on se demande si là n’est pas la principale activité de cet homme qui, tel Narcisse, est retranché du monde et absent de lui-même. D’où ce sentiment diffus que le pays n’est pas gouverné, tandis que les dossiers s’accumulent. D’où l’atmosphère crépusculaire qui règne aujourd’hui en France.

Comme le jongleur qui a perdu ses boules mais continue à faire le geste de les lancer en l’air, Macron est dans le déni. C’est pitié de voir un homme aussi brillant – à l’oral s’entend – comme « empêché » par Dieu sait quoi, une dépression, une inaptitude à trancher, une main qui tremble devant les défis à relever. Alors que les mauvaises nouvelles nous gâchent de plus en plus souvent nos matins, observez comme il a parfois le regard fixe du lapin devant les phares de la voiture qui fonce à toute blinde sur lui.

La neurasthénie est une affection que le Larousse définit comme « un état de fatigabilité physique et psychique extrême ». À ne pas confondre avec l’aboulie qui, selon le même dictionnaire, est un « affaiblissement de la volonté ». Si Macron est atteint seulement de la première et non de la seconde, tout n’est pas perdu. Il contre-attaquera un jour. Il est assez probable que, devant les frondes à répétition de l’Assemblée nationale, il finira par dissoudre l’année prochaine. Sera-t-on bien avancé pour autant ?

« Un tsunami de délocalisations et de faillites », provoqué par la crise de l’énergie, pourrait, selon  Laurent Wauquiez , l’un de nos présidentiables, président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, faire office de « choc terminal de désindustrialisation ». Il aurait fallu y penser avant de déstabiliser notre filière nucléaire. Au pouvoir macroniste de réparer ses fautes.

La réindustrialisation, voilà une grande cause nationale pour laquelle il faut se réveiller enfin et mobiliser tout le monde. Puisse Macron en finir avec sa gestion ectoplasmique et s’attaquer à tous les problèmes, à commencer par le délitement de l’autorité, qui sont en train, à bas bruit, de déstructurer notre société. Gouverner, ce n’est pas seulement choisir. C’est aussi anticiper.

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