Par Bernard Carayon. LE FIGARO
Publié il y a 27 minutes, mis à jour il y a 11 minutes
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FIGAROVOX/TRIBUNE – La décision de la justice de démolir la centrale hydroélectrique de Sallanches, soutenue pourtant par l’État et les élus, est le signe d’une inquiétante alliance entre les juridictions administratives et certains activistes, alerte le maire LR de Lavaur, Bernard Carayon.
Bernard Carayon est ancien député du Tarn , maire LR de Lavaur et président de la Régie municipale d’énergie de Lavaur.
La France importe du gaz naturel liquéfié américain obtenu par fracturation hydraulique, interdite chez nous, de l’électricité allemande produite par des centrales à charbon et, depuis dix ans, ses gouvernements n’ont pas voulu moderniser un parc nucléaire qui nous apportait indépendance, réduction des gaz à effet de serre et compétitivité industrielle. Alors que nous mesurons le poids désastreux de nos dépendances énergétiques et notre incapacité à anticiper les crises qui en sont issues, nos juridictions administratives ont décidé de bloquer tout projet de centrale hydro-électrique bien que l’eau soit une énergie «verte».
Au royaume d’Ubu, les juges du tribunal administratif de Grenoble exerceraient des responsabilités ministérielles au même titre que les activistes de l’ONG France nature environnement (FNE) : ils viennent d’ordonner la démolition de la toute neuve centrale de Sallanches, en Savoie (deux millions d’euros pour sa démolition, s’ajoutant aux six millions d’euros de sa construction).
L’alliance des juridictions administratives et des activistes de l’environnement traduit aussi la carence de l’intérêt national chez des magistrats qui aiment à invoquer leur indépendance.Bernard Carayon
FNE avait obtenu, il y a trois ans, de la Cour administrative d’appel de Bordeaux l’annulation d’un arrêté préfectoral autorisant, en application de l’article L. 411-2 du code de l’environnement, la destruction d’espèces animales protégées (des lézards de murailles et quelques crapauds) en vue de la construction d’une autre centrale hydro-électrique, à Lavaur (Tarn). Le projet était pourtant assorti de mesures compensatoires pour l’environnement extrêmement généreuses, représentant 15% du coût de la centrale ! Une sorte de racket légal qui avait conduit le Conseil national de protection de la nature (CNPN) à soutenir à l’unanimité ce dossier «écologiquement correct». Cette centrale, soutenue par l’État et par tous les élus, fonctionnait depuis des mois, lorsque la Cour administrative d’appel, juge a – contrairement au tribunal de Toulouse –, que notre production, qui nous conférait une large autonomie de consommation et qui évitait le rejet annuel dans l’atmosphère de 8 300 tonnes de dioxyde de soufre, 19 tonnes de dioxyde d’azote et de 1,2 tonne de poussière, n’était pas digne de l’intérêt général… Le Conseil d’État confirmait l’arrêt de la Cour de Bordeaux alors même qu’il autorise, ailleurs, la construction d’éoliennes et de centrales photovoltaïques aussi hideuses que nourries de technologies étrangères.
L’alliance des juridictions administratives et des activistes de l’environnement n’est pas seulement le signe d’un défaut de bon sens : elle traduit aussi la carence de l’intérêt national chez des magistrats qui aiment à invoquer leur indépendance, reconnue tardivement, en 1980, par le Conseil constitutionnel, mais se soumettent avec entrain à une idéologie importée par des ONG sous influence anglo-saxonne.