[L’œil américain] La contre-offensive anti-woke des républicains

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Frédéric Lassez 15 janvier 2023 BOULEVARD VOLTAIRE

 

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Dans un éditorial du 3 janvier dernier, le journal Le Monde dénonçait la « panne idéologique des républicains américains ». Le Grand Old Party (GOP) s’était, en effet, « converti à un populisme alimenté par l’anxiété identitaire » qui le poussait « à vouer aux gémonies un progressisme, qualifié uniformément de « wokisme« , en niant la persistance d’inégalités sociales, à commencer par la permanence d’un racisme systémique »Le Monde, qui, lui, n’est jamais en panne de remontrances idéologiques, concluait sur la nécessit, pour le GOP, de se remettre en question et d’abandonner « le choix de la guerre culturelle à outrance ».

Notre journal progressiste et « éveillé » va être déçu. Il semblerait, en effet, qu’au sein du GOP, l’heure n’est pas aux séances d’autocritique mais plutôt à la persistance dans la lutte contre-révolutionnaire. Le 13 janvier dernier, l’élu républicain de l’Indiana, Jim Banks, annonçait son intention de créer un groupe parlementaire afin de combattre le « wokismeinstitutionnalisé ». Une « tyrannie rampante » qui, d’après lui, infiltre désormais « les forces les plus puissantes de la nation », c’est-à-dire les agences de renseignement, les entreprises, la presse, les universités et même l’armée.

Ce n’est pas seulement l’idéologie woke que dénonce Jim Banks mais surtout le fait qu’elle soit « promue et financée par le gouvernement fédéral lui-même ». Dans son viseur notamment, le décret exécutif « sur la promotion de l’équité raciale et le soutien aux communautés défavorisées » signé par Joe Biden, le 20 janvier 2021, jour de son entrée en fonction, et qui prévoyait d’« intégrer les principes, les politiques et les approches d’équité dans l’ensemble du gouvernement fédéral ». « Équité » et non « égalité », car il s’agissait justement de mettre en place des mesures inégalitaires accordant un traitement de faveur à des minorités considérées comme historiquement victimes de racisme systémique et de discrimination.

Chaque agence fédérale avait alors dû procéder à une évaluation de ses programmes et de ses politiques à l’aune de la nouvelle idéologie d’État dans les 200 jours qui suivaient la publication de l’ordonnance. Pour Jim Banks, il est donc urgent que la nouvelle majorité républicaine mette un terme à l’endoctrinement woke et à son financement par l’État fédéral. Le wokisme constitue, selon lui, la « plus grande menace intérieure pour l’Amérique aujourd’hui ».

En réalité, pas seulement pour l’Amérique car, dès le départ, Joe Biden a souhaité faire de la diffusion de cette idéologie un axe fort de sa diplomatie. Début février 2021, un mémorandum présidentiel enjoignait les agences et départements d’État engagés à l’étranger à préparer un rapport dans les 180 jours rendant compte de leurs progrès pour faire avancer les droits des personnes LGBTQI+ dans le monde. « Les États-Unis sont à l’avant-garde de cette lutte », indiquait le document. En septembre 2021, Joe Biden avait nommé un représentant spécial à cet effet. Sur la fiche de présentation du département d’État, il est indiqué que Jessica Stern, qui a travaillé auparavant pour différentes ONG, « accepte tous les pronoms ». Nous voilà rassurés.

En juin 2022, c’était un représentant spécial pour promouvoir « l’équité raciale et la justice » au niveau international qui était nommé par l’administration Biden. Désirée Cormier Smith avait de très bonnes références, ayant notamment travaillé au sein des Open Society Foundations de George Soros en tant que conseiller politique pour l’Afrique, l’Europe et l’Eurasie. Dans une allocution prononcée en août 2022 à la Mission des États-Unis auprès des Nations unies à Genève, elle expliquait que son rôle était de veiller à ce que la politique étrangère américaine fasse progresser les droits des personnes appartenant à des groupes raciaux et ethniques marginalisés et qu’elle lutte contre le racisme, la discrimination et la xénophobie systémiques dans le monde.

Partie des États-Unis, la révolution culturelle woke a, en effet, déferlé sur l’Europe. En France, elle s’infiltre également dans la sphère publique et dans le secteur privé sans susciter pour l’instant beaucoup de résistance. Avec parfois la bénédiction de l’État, un réseau de propagande s’organise et se déploie qui peut même s’accompagner d’un système de surveillance. Pas de doute, le combat des républicains américains est aussi le nôtre.

Illustration : Jim Banks lors de la campagne électorale pour le renouvellement de la Chambre des représentants.

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