« L’État a sa part de responsabilité dans l’enkystement de l’islamisme et de l’antisémitisme en France »

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Tribune

Par Cercle Droit et Débat Public

Publié le 08/09/2022 MARIANNE

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« L’État a sa part de responsabilité dans l’enkystement de l’islamisme et de l’antisémitisme en France »

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Non la menace islamiste n’a pas disparu, l’antisémitisme non plus, bien au contraire. Les membres du Cercle Droit et Débat public enfoncent le clou avec une tribune, dans laquelle ils appellent à cesser de se leurrer face à la « nouvelle judéophobie » islamiste. Qui conduit la France, dont la puissance publique à encore beaucoup à faire, à détenir le triste record des actes et crimes antisémites en Europe.

Alors que s’ouvrent les audiences relatives à l’attentat islamiste de Nice, qui a provoqué la mort de 86 personnes le 14 juillet 2016, et au lendemain de l’éprouvant procès de la tuerie du Bataclan de 2015, revendiquée par Daech, dont le bilan s’élève à des centaines de morts et de blessés graves, la France n’a pas fini de subir des attaques terroristes sur son sol. Aucun pays d’Europe n’a été davantage meurtri que le nôtre par les fous de Dieu. Libres penseurs, chrétiens et juifs sont leurs cibles. Ils les visent de façon indiscriminée, car ils haïssent les Occidentaux pour ce qu’ils sont beaucoup plus que pour ce qu’ils font. Peu leur importe de tuer des enfants. Peu leur importe de faire des victimes collatérales dans la population de culture musulmane : tuez-les tous et Dieu reconnaîtra les siens.

UNE ABOMINATION À EFFACER DE LA SURFACE TERRESTRE

Et cela ne risque pas de s’arrêter. Pour les salafistes et les Frères musulmans, la France est d’autant plus détestable qu’elle est la patrie des Lumières et qu’elle exerce pour cette raison une attirance émancipatrice sur leurs coreligionnaires. Tout les rebute dans notre type de société : l’égalité entre les hommes et les femmes, la liberté des mœurs, le droit de changer de religion ou de ne pas en avoir, la liberté d’expression, l’esprit critique. La liberté de blâmer ou de rire leur est spécialement insupportable, car elle peut être dirigée contre la religion. C’est pour eux un blasphème, crime qui mérite la mort. La preuve par Salman Rushdie et Samuel Paty. Ce que nous tenons pour un acquis de la civilisation est, aux yeux d’un islamiste, une abomination à effacer de la surface terrestre. La guerre qu’ils nous ont déclarée est d’autant plus implacable qu’elle est, pour eux, une guerre sainte. Ils sont la figure contemporaine du fanatique selon la définition qu’en donne Voltaire dans son dictionnaire philosophique : un homme qui est sûr d’aller au Ciel en vous égorgeant.

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Comme le montre l’étude de la Fondapol sur la « Radiographie de l’antisémitisme en France », publiée en février, les Français de confession juive sont particulièrement exécrés par l’islamisme car ils incarnent, à ses yeux, la quintessence de la menace que fait peser l’Occident sur l’Oumma : colonialisme, réussite matérielle, créativité artistique, supériorité technique et scientifique, esprit d’entreprise, capitalisme et bien sûr sionisme. À quoi s’ajoute la rivalité millénaire entre monothéismes, malheureusement attestée par certains textes coraniques, tels le verset 5 de la sourate 51 (« Ô les croyants ! Ne prenez pas pour alliés les Juifs et les Chrétiens… ») ou le hadith du rocher, de tonalité franchement génocidaire.

MÉMOIRES

Les prêcheurs de haine islamistes instrumentalisent le conflit israélo-palestinien pour exploiter, au sein de la population issue de l’immigration musulmane, une judéophobie impunément professée sous couvert d’antisionisme. Ce subterfuge bénéficie de la complaisance d’une certaine gauche, qui, pour des raisons souvent électoralistes, présente Israël comme un État raciste.

C’est occulter le fait que les 20 % d’Israéliens musulmans jouissent des mêmes droits civils et politiques que leurs compatriotes, qu’ils siègent au gouvernement, au Parlement, à la Cour Suprême, qu’ils fréquentent les mêmes universités, qu’ils deviennent médecins, avocats, chercheurs. Des partis arabes qui envoient une douzaine de députés à la Knesset sur 120 (10 %) et un ministre arabe islamiste au gouvernement : pas mal pour un régime d’apartheid ! Par comparaison, aucun juif ne peut vivre en Cisjordanie ou dans la bande de Gaza, ni d’ailleurs dans nombre de pays musulmans (Algérie, Irak, Syrie, etc.). Quant aux chrétiens, ils fuient les persécutions qui les frappent au Moyen-Orient et ne sont plus qu’une minorité en sursis en Égypte.

TERRITOIRES PERDUS… ENCORE ET TOUJOURS

Résultat : alors que l’histoire des croisades, de la Reconquista, de l’Algérie, du génocide arménien et de la Shoah sont devenues tabou dans certains établissements scolaires, par crainte des réactions des élèves et des familles, notre pays voit sa population juive fuir les territoires perdus de la République. La France détient par ailleurs le tragique record des actes et crimes antisémites en Europe. Leur liste serait trop longue à dresser, mais donnons quelques repères. En 1982, c’est l’attentat de la rue des Rosiers. En 2006, le « Gang des barbares » torture Ilian Halimi, convaincu de pouvoir extorquer à sa famille un argent qu’elle détient forcément puisque juive. En 2012, Mohammed Merah assassine entre autres trois enfants de l’école Ozar Hatorah. En 2017, Kobili Traoré massacre sa gentille voisine Sarah Halimi, révulsé qu’il était par la vue d’un chandelier à sept branches au domicile de celle-ci. Le 26 août, dans l’indifférence médiatique, Eyal Haddad est décapité par le jeune musulman qu’il hébergeait. Le 4 septembre, à Strasbourg, un quadragénaire en tenue hassidique est intentionnellement renversé dans la rue par un individu encapuchonné.

Il y a aussi Saint-Etienne-du-Rouvray et Notre-Dame-de-Nice : en France comme en Égypte et en Irak, des chrétiens tombent, dans leurs églises, sous les coups des islamistes. Œcuménique est la haine que ceux-ci vouent aux infidèles.

RENONCEMENTS

L’État a sa part de responsabilité dans la dégradation de cette situation. Comme le montre l’ouvrage intitulé Ces petits renoncements qui tuent, que vient de publier un enseignant sous le pseudonyme de Laurent Valogne, la pudeur observée au sein de l’Éducation nationale sur la montée de l’islamisme à l’école est à elle seule une capitulation. Qu’un livre pareil paraisse sous pseudonyme donne d’ailleurs la mesure de la gravité de la pathologie qui a atteint notre pays !

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La loi sur le séparatisme marque une prise de conscience, mais ses effets sont des plus limités parce qu’elle n’a pas pris à bras-le-corps le phénomène de l’islamisme. Elle est restée muette par exemple sur l’expulsion des étrangers se livrant à de la propagande islamiste. On voit les conséquences de cette impasse avec l’affaire Iquioussen.

NOYER DANS LE FAIT DIVERS CE QUI RELÈVE DE TENDANCES PROFONDES

On peut aussi s’interroger sur l’apathie de la société civile et des médias face à la montée de l’islamisme dans ses composantes judéophobes, christianophobes ou misogynes. Par crainte de stigmatiser, on regarde ailleurs ou on minimise les faits. Nos bien-pensants répugnent à relever le caractère importé de la judéophobie meurtrière qui s’est installée en France depuis une quarantaine d’années car ce serait, disent-ils, « faire je jeu de l’extrême droite » et ébranler l’État de droit. Ils cherchent donc à noyer le fait de société dans le fait divers.

Ou à mettre sur le même pied la judéophobie virulente des cités et les résidus honteux d’un antisémitisme de souche. Pour les causes des passages à l’acte, on renverra à l’exclusion sociale, à la drogue ou aux psychopathologies individuelles. Quant à l’extrême gauche woke et néo-féministe, l’intersectionnalité des luttes lui interdit de s’intéresser à la situation des femmes en Afghanistan, au Pakistan ou en Iran. Elle est trop occupée à traquer la masculinité toxique qui sévit autour des barbecues. La haine de soi qui parcourt les sociétés occidentales (aujourd’hui avec la cancel culture et, depuis plus longtemps, avec le gauchisme) rejoint une haine de l’Occident venue d’ailleurs. Cette rencontre se scelle dans le pacte implicite de l’islamo-gauchisme.

TANT QUE L’ÉTAT DE DROIT SE LIGOTERA LUI-MÊME…

Stigmatise-t-on les musulmans en dénonçant l’islamisme ? C’est oublier que les musulmans sont aussi – eux surtout – victimes de l’islamisme. Son objectif premier est de les placer sous emprise dans la perspective de la guerre sainte. Le nôtre devrait être, dans leur intérêt comme dans celui de la nation, de favoriser leur intégration à leur pays d’accueil en les libérant des pesanteurs du communautarisme et en les soustrayant aux sirènes fondamentalistes.

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Tant que des prêches comme ceux de l’imam fuyard auront libre cours, tant que l’Éducation nationale sera impuissante face aux pratiques et aux propos séparatistes, tant que la dénonciation de l’islamisme sera taxée d’islamophobie par toute une bien-pensance médiatico-politique, tant que l’État de droit se ligotera lui-même en n’osant pas se donner les moyens efficaces de se défendre, les libertés seront en péril en France. Et la vie des juifs y sera menacée.

Par le Cercle Droit et Débat public, présidé par Noëlle Lenoir, membre honoraire du Conseil constitutionnel, et comprenant notamment Pierre-Henri Conac, professeur des Universités, Jean-Claude Magendie, ancien Premier président de la Cour d’appel de Paris, Jean-Yves Naouri, chef d’entreprise, Emmanuel Piwnica, avocat aux Conseils, Jean-Eric Schoettl, ancien secrétaire général du Conseil constitutionnel, Frédéric Thiriez, avocat aux Conseils, Philippe Valletoux, consultant.

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