Marc Baudriller 15 mars 2023. BOULEVARD VOLTAIRE

LE DÉPUTÉ NATIONALISTE DE HAUTE-CORSE JEAN-FÉLIX ACQUAVIVA, PRÉSIDENT DE CETTE COMMISSION ET LE DÉPUTÉ LAURENT MARCANGELI (HORIZONS) PHOTO BAUDRILLER
Le député nationaliste de Haute-Corse Jean-Félix Acquaviva, président de cette commission et le député Laurent Marcangeli (Horizons) Photo Baudriller
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Laxisme inexcusable ? Tentative de maquillage des effets de ce laxisme ? Dysfonctionnements ? Sous-estimation du danger de ces islamistes radicaux ? Angélisme indécrottable ? Ce 15 mars, dans la petite salle des conférences de presse qui jouxte l’Assemblée nationale, le président et le rapporteur de la commission d’enquête qui se penchent sur l’assassinat en prison d’Ivan Colonna ont épaissi le mystère de cette mort qui avait mis le feu à la Corse.
Le député nationaliste de Haute-Corse Jean-Félix Acquaviva, président de cette commission, et le député Laurent Marcangeli (Horizons) ont mené des investigations et des entretiens sur les circonstances, les acteurs et les suites de cette journée du 2 mars 2022, la dernière journée d’Ivan Colonna. Dans la prison d’Arles où il est incarcéré – il doit être prochainement transféré en Corse au vu de sa bonne conduite -, un détenu islamisé ultra-dangereux, Franck Elong Abé, parvient à passer plus d’un quart d’heure à l’abri des caméras du gymnase en compagnie du Corse qu’il étrangle. Colonna mourra peu après.
Dans ce qu’ils présentent comme « un point d’étape », devant une trentaine de journalistes, dont BV, les deux députés ne cachent pas « un certain trouble », selon les mots du président de la commission. Cinq avis ont été émis pour demander le transfert du meurtrier dans un quartier destiné aux plus dangereux des détenus radicalisés : un avis à Condé-sur-Sarthe, les quatre autres à Arles. Il n’en a rien été.
Ce n’est pas tout. « On nous a caché en commission des lois quatre incidents survenus à Arles », affirme Jean-Félix Acquaviva. La responsable de la prison assurait que tout se passait bien. Pourquoi ?
L’homme était connu des renseignements généraux qui avaient fait le constat de son extrême dangerosité : un homme violent, aguerri, rompu au maniement des armes et des explosifs… Il se situe « dans le haut du spectre », selon le jargon administratif, mais obtient malgré tout un emploi au service général, un emploi de bon élève sans danger… Pourquoi ces informations n’ont-elles pas été transmises ? Pourquoi n’en a-t-on tiré aucune conclusion pratique ?
Il faut ajouter aux bizarreries mortelles ce défaut de surveillance : un problème de paramétrage des caméras qui surveillaient le gymnase a mis le meurtre à l’abri des regards des gardiens.
Autre fait troublant, et pas des moindres : dans le logiciel Genesis, une forme de journal en ligne qui suit les faits saillants de la vie en prison des détenus les plus dangereux, les notes sur l’assassin de Colonna cessent le 29 janvier 2022. « Plus rien jusqu’au drame », constate le président de la commission. C’est anormal pour les agents, incompréhensible vu le rythme des informations qu’on porte ordinairement dans ce fichier. « Nous avons les plus grandes interrogations et doutes sur ce logiciel », estime Jean-Félix Acquaviva, qui évoque sans trembler « une tentative d’effacement des données ». Gravissime. Pourquoi ?
Enfin, trois détenus, parmi lesquels Franck Elong Abé, auraient eu une conversation autour de Colonna, peu avant sa mort. L’un d’eux aurait lancé : « Je vais le tuer. » C’est ce que dit un gardien de la prison d’Arles qui a rapporté immédiatement ces propos à sa hiérarchie. En vain. Il n’en est fait mention nulle part. La veille du meurtre, Elong Abé vide et range sa cellule sans susciter de surveillance spéciale. Rien de tout cela n’apparaît dans le fameux logiciel.
Les acteurs qui n’ont pas parlé de ces éléments pour le moins étonnants vont donc être réinterrogés. Dans les conversations internes, des agents avaient déjà évoqué, sans preuves, un effacement des données…
Alors ? Le député corse Laurent Marcangeli le dit : « Le monde carcéral vit mal, au rythme de violences fréquentes, de la mort de codétenus, de problèmes de radicalisation. » Ces islamistes radicaux mettent au défi la France, jusqu’en prison. Le député veut revoir les conditions de détention des plus radicalisés et des détenus particulièrement signalés. « Il va falloir réformer tout cela », dit-il.
Ils feront tout, disent les deux députés, pour obtenir la vérité. Certains fonctionnaires paieront : « La direction de la maison centrale d’Arles est à l’origine d’erreurs déjà soulignées par l’inspection générale de la justice », rappelle Marcangeli. Des têtes vont tomber. Parallèlement, l’enquête criminelle se poursuit.
Qui tirera la conclusion de cette affaire ? À ce jour, la France fait face à l’assaut d’un islamisme radical particulièrement sauvage d’origine migratoire. Elong Abé est né au Cameroun, il a grandi notamment en Normandie, a combattu dans les rangs du djihad en Afghanistan avant de connaître les geôles américaines. Qui avons-nous intégré dans la communauté nationale ? Comment ? Pourquoi ? La France n’oppose, à ce défi gigantesque d’un islamisme qui prospère sur l’immigration, que des bougies, des slogans à l’eau de rose, des débats infinis et une incroyable cécité volontaire. Tout cela porte un nom : lâcheté.
L’affaire Colonna sert de révélateur, elle est loin d’être close…
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Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste