La dérive despotique d’Emmanuel Macron

PUBLIÉ LE :22 MARS 2023. IVAN RIOUFOL TOUS LES ARTICLES

Emmanuel Macron se caricature en président assiégé : il prend les traits du despote accroché à son trône. Face à la colère qui se généralise, le chef de l’Etat ne répond que par la morgue et la provocation. Dire, comme il l’a soutenu mardi, que « la foule n’a pas de légitimité face au peuple qui s’exprime souverain à travers ses élus » est une manière de déverser un peu plus d’essence sur la France inflammable. Il est entendu que la foule manipulable n’est pas le peuple. Mais c’est bien la voix des députés que Macron a fait taire jeudi en les empêchant de voter, grâce au 49-3,  sur sa réforme des retraites. Faut-il lui rappeler aussi l’article 6 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789 : « La loi est l’expression de la volonté générale. Tous les citoyens sont en droit de concourir, personnellement ou par leurs représentants, à sa formation ». Ceux qui protestent dans la rue contre la méthode du gouvernement le font bien « personnellement ». Leur exaspération est le résultat d’une grave crise de la démocratie. Elle ne sait plus débattre qu’en usant du gourdin constitutionnel (le 49-3, demain l’article 16?). Il s’ajoute aux matraques policières qui  répondent au même autoritarisme d’un Etat faible. Entendre, hier, Elisabeth Borne, premier ministre, soutenir : « On a le droit d’employer le mot victoire », après le rejet, à neuf voix près, de la motion de censure contre son gouvernement, fait comprendre son éloignement du pays. Macron est sur ce même déni de caste quand il rajoute : « Gagner un vote ne peut être présenté comme une défaite ». Ces gens-là sont des pyromanes.

« Il n’y a pas d’alternative ». Cette expression est à chaque fois ressortie par le chef de l’Etat et son entourage pour imposer le narratif officiel laissant croire à l’évidence de la seule légitimité macronienne. Mardi, le président a redit face aux parlementaires de sa majorité : « Il a été démontré hier qu’il n’y avait pas de majorité alternative à la vôtre ». « Il n’y a pas d’alternative » : ce même credo a été martelé par Gabriel Attal, alors porte-parole du gouvernement, à propos des réponses liberticides et discriminatoires apportées lors de la crise du Covid, au nom d’un hygiénisme d’Etat hystérisé. En mars 2019, en appui de la campagne des Européennes, La République en Marche avait produit un clip apocalyptique mêlant images d’inondations et de chemises noires, craintes du réchauffement et du populisme, avec ce message : « Regardez votre époque (…) Vous n’avez pas le choix ». A chaque fois,  le pouvoir macronien en appelle à la peur (du climat, d’un virus, des « extrêmes », de la guerre) pour consolider sa place exclusive, en maltraitant les processus démocratiques. Ce mercredi, Macron répondra, à 13 heures, aux questions de TF1 et de France 2. Mais l’Elysée a déjà fait savoir qu’il ne sera annoncé ni de remaniement, ni de dissolution, ni de référendum. Le recours ultime au peuple souverain est exclu par la macrocrature et sa jactance.  En août 2021 un sondage du JDD révélait que, pour 43% des Français, la France « devient une dictature ».  C’était alors exagéré…

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