[EDITO] Débat surréaliste à l’Assemblée sur le terrorisme… d’extrême droite !

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Marc Baudriller 4 avril 2023 BOULEVARD VOLTAIRE

 

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Les feux de Sainte-Soline (Deux-Sèvres) sont à peine éteints, des dizaines de gendarmes et des manifestants soignent leurs blessures. La France sidérée a vu de ses yeux des rangées d’activistes avancer sur les gendarmes derrière des boucliers en lançant des projectiles. Elle a vu les fourgons brûler, les casses en fin de manifestation des retraites par les mêmes milices d’extrême gauche. Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin lui-même s’élève contre ce nihilisme destructeur et ses complices et évoque le « terrorisme intellectuel » d’une extrême gauche qui ne connaît plus de limites.

Pendant ce temps, les élus écologie-NUPES débattent, ce lundi 3 avril 2023, dans les locaux de l’Assemblée nationale « sur la lutte contre le terrorisme… d’extrême droite » ! Sous la houlette de la présidente Hélène Laporte – ironie du sort -, députée du Rassemblement national et vice-présidente de l’Assemblée, nos élus d’extrême gauche ont élaboré un casting étonnant de trois experts : Patrick Beaudouin, le président de la Ligue des droits de l’homme, Erwan Lecœur, un sociologue discret sur son passage à la mairie de Grenoble – il a été nommé dès l’arrivée du maire rouge-vert Éric Piolle au poste ultra-sensible de directeur de la communication de la ville, un poste occupé de 2014 à 2017. Erwan Lecœur est aussi, depuis deux ans, professeur à Sciences Po Grenoble, connu pour son engagement très à gauche, même parmi les Sciences Po qui n’ont pourtant pas l’image d’officines réactionnaires.

Comment ces deux personnalités ont-elles accepté de figurer au côté du troisième invité, Raphaël Archenault, dit Raphaël Arnault, célèbre patron de la Jeune Garde antifasciste Lyon ? La réponse se perd dans l’épais mystère des réseaux de la NUPES. De source policière contactée par BV, l’homme est « connu de la documentation des services de police ». Dès sa formation en 1998, la Jeune Garde antifasciste Lyon se présente elle-même sur le site antifa Rebellyon avec un visuel exposant un jeune masqué armé d’une énorme matraque. L’amour du débat.

Sur son profil Web, ce jeune militant se réjouit, le 25 mars dernier, de l’adieu particulièrement ordurier fait à Éric Zemmour à son départ de Lyon. Comme le rappelle la députée RN Virginie Joron, le même mouvement la Jeune Garde, grand défenseur de la démocratie, lançait sur son compte Twitter, lors de la visite de Zemmour à Villeurbanne, et après avoir signalé les véhicules (une Ford Kuga noire et une Range Rover blanche) : « Il est possible que vous décidiez de ramener les mortiers et les blocs de clous qu’on jette sur les flic (sic). Mais la Jeune Garde de la résistance révolutionnaire n’est pas votre responsable : c’est VOTRE choix. » Message compris, les amis. On ne dira rien.

Le même militant invité en grande pompe à l’Assemblée est, du reste, salué par le député LFI Antoine Léaument, qui parle d’un « esprit de légitime défense sociale », un concept porteur.

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Raphaël Archenault vante ses militants lorsqu’ils pourchassent leurs opposants dans les rues, armés de bâtons. Évidemment, le groupe retweete des messages à la gloire du sulfureux rappeur Médine. Un expert de l’extrême droite au palais Bourbon. C’est un peu comme si on imposait à l’Assemblée l’avis de l’Action française sur l’ultra-gauche.

C’est un festival. Raphaël Archenault le sait : il y a des bandes d’extrême droite au sein de la police et de l’armée, explique-t-il. Il évoque « des planques d’armes, des fusils à pompe, des armes de poing, des grenades, des kilos et des kilos (de grenades) ». Diable ! « Comment ils arrivent à se procurer autant d’armes ? », demande-t-il. Personne n’a la réponse.

Dans la conversation sur le terrorisme d’extrême droite, le professeur Lecœur parvient à citer… la Manif pour tous ! Il y reviendra, précisant que la Manif n’est pas terroriste (ouf !) mais qu’elle a rapproché les ultra-identitaires et les catho tradis… On ne les savait pas si nombreux. Le même Lecœur qui a l’oreille fine a décelé « une surexposition des idées de droite dans les médias depuis quelques années » !

Il faudra avaler pas mal de couleuvres avant que le ministre des Outre-mer Jean François Carenco (pourquoi lui ?) donne des chiffres. L’ultra-droite, en France ? 3.000 militants, dit-il, dont 1.300 fichés S. Depuis 2017, neuf attentats auraient été déjoués, 60 individus arrêtés. « Le terrorisme islamiste reste la principale menace », rappelle-t-il, et « le terrorisme d’extrême gauche existe aussi ». Non ?

Après 1 heure 45, le vice-président du groupe RN à l’Assemblée, Sébastien Chenu, n’a aucune peine à décrire « des intervenants tous engagés dans le camp du bien qui ont tous des responsabilités dans la situation du pays ». Et à remarquer le léger déséquilibre de ce « débat : On se penche sur la version parfois folklorique, parfois sérieuse et toujours condamnable des violences d’une certaine extrême droite qui fait écho à la violence de l’extrême gauche, portée et relayée par des mouvements politiques qu’on a vu à Sainte-Soline ou lors des attaques de meetings », note-t-il. Avant d’exécuter : « Je veux dire la pauvreté de vos contributions, la faiblesse de vos démonstrations. On parle de « fafologue » ! Ca démontre le caractère scientifique hautement intéressant de vos travaux. Aucun membre du RN n’a jamais été entendu par vos services. »

Le soir même de cet intéressant débat, trois personnes tombent sous les balles des malfrats à Marseille. Le lendemain, soit ce 4 avril, on apprend que six personnes sont placées en garde à vue dans les milieux antifas de Bordeaux dans le cadre de l’enquête sur l’agression, le 8 juillet dernier, de Pierre Le Camus, candidat RN aux législatives dans la 2e circonscription de Gironde, et de son frère, qui avait été passé à tabac et défiguré. Il va falloir réinviter les antifas.

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