Gabrielle Cluzel 6 avril 2023 BOULEVARD VOLTAIRE

©CNEWS
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C’est ce que l’on appelle une scène culte : la nouvelle secrétaire de la CGT, dans le cortège de la nième manif contre les retraites, a devant elle une forêt de micros. Une journaliste pose une question sur cette nouvelle journée de mobilisation. Sophie Binet commence à parler, puis marque un temps d’arrêt. Une voix d’homme vient de la rappeler à l’ordre : le micro tendu est celui de CNews. La féministe Sophie Binet, écoutant le patriarcat plutôt que la sororité, se ravise, et décide d’humilier la jeune-femme devant ses pairs en l’ostracisant publiquement : « Moi, je ne souhaite pas répondre à CNews ». La journaliste ne se laisse pas pour autant démonter : « Pourquoi ? » La réponse fuse, glacée : « Parce qu’en fait, je ne vais pas sur vos plateaux ». La jeune journaliste insiste : « Là c’est pour s’exprimer devant tous les Français, vous pouvez nous donner vos revendications ? ». Sophie Binet la congédie brutalement : « Eh bah non, je m’adresse à tous les médias qui garantissent la liberté d’expression et la pluralité ».
Bref, Sophie Binet censure un média au nom de la liberté d’expression. L’accuse de manquer de pluralité alors qu’il lui donne la parole et qu’elle la refuse. Amis de Raymond Devos, bonjour. À cause de son (élégant) prénom ? De ses études de philo à Nantes ? La nouvelle secrétaire générale de la CGT manie le sophisme avec dextérité. De son passé universitaire nantais, la dame a aussi gardé la marque de fabrique de l’UNEF : le sectarisme.
Sophie Binet et ses airs hautains de vestale consacrée façon Sandrine Rousseau, Cécile Duflot – comme elle, passée à la JOC -, ou Caroline de Haas – sa grande amie – feraient presque regretter Philippe Martinez, ses grosses moustaches de routier sympa et ses manières simples d’ouvrier (qu’il fut) parlant à tout le monde et ne tordant le nez devant aucun média, surtout pas CNews. Peut-être n’avait-il pas fait d’études universitaires, mais il savait, pour les fréquenter, qu’il ne pourrait reconquérir les milieux populaires partis vers d’autres cieux à l’autre bout de l’échiquier politique qu’en acceptant de leur parler, pas en se contentant de prêcher confortablement dans sa paroisse des ouailles déjà conquises. Quand Sophie Binet a-t-elle croisé un boulon (un vrai, pas au sens figuré…) pour la dernière fois ? Il est arrivé à Sophie Binet d’enfiler une un bleu de travail, mais c’était en manif et devant les caméras, pour la chorégraphie de Rosie la riveteuse, forçant le trait comme Marie-Antoinette déguisée en bergère.
Voici donc la représentante que la CGT s’est choisie pour assurer le dialogue social et représenter les classes populaires.
On a le droit de rire.