Marc Baudriller 17 avril 2023 BOULEVARD VOLTAIRE

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Un succès fou ! Appels au boycott, concerts de casseroles, manifs et hurlement lors de la sortie du ministre de la Santé François Braun à Langon, près de Bordeaux, rassemblement devant les mairies à l’appel de la France insoumise et d’Attac, jamais propos plus fade d’un président de la République n’aura suscité tant de bruit.
Le Président s’est contenté, dans son allocution télévisée de ce 17 avril au soir, d’un service après vente minimum. Au diable les manifestations ! La réforme entrera en vigueur à l’automne, explique-t-il. « Ces changements étaient nécessaires ». Point final. Il n’avait pas le choix, nous répète le monarque qui ne dit évidemment rien de la contrainte européenne devant laquelle il court. La vérité n’est pas entière. Une fois de plus, le prestidigitateur Macron tente de faire sortir de son chapeau un lapin de Pâques, question de saison. Mais le tour ne prend plus. Parfois, on espère vaguement. « Cette réforme est-elle acceptée ?, lance-t-il sur le ton du mauvais comédien payé pour faire la blague. A l’évidence, non. Nous devons en tirer tous les enseignements ». C’est-à-dire, aucun.
Du chapeau n’émerge point de colombe… Les Français sont en colère contre le travail qui ne paye plus, contre la hausse des prix, contre la déferlante migratoire, contre la retraite mais voilà, il y a « cette indépendance française et européenne ». C’est-à-dire ? Si vous avez compris, c’est qu’il s’est mal exprimé, comme disait l’autre. Des mots vides de sens, il en a pour tout le monde. Macron propose de « retrouver l’élan de notre nation ». La nation, pour les électeurs du RN ? Il en appelle à cette « idée de justice ». Un faux sucre pour la gauche. Il a hâte d’en finir, le Président. Avec les retraites, avec cette intervention télévisée devant prompteur, avec ces Gaulois querelleurs. Mais il faut bien emballer le poisson. Alors, il lance cette idée : trois grands chantiers. Des chapitres fourre-tout où on jette les rares succès d’une présidence-naufrage, les défis à venir sur lesquels on ne fera rien et quelques mots qui clignotent. Cela donne en vrac, dans le chantier sur le travail, les bons chiffres du chômage (où la France reste pourtant à la traine de l’Europe), l’éternelle réforme des lycées professionnels, les rendez-vous avec les syndicats (dont lesdits syndicats ne veulent pas entendre parler) et cette envolée lyrique sur les usines qui ouvrent « dans les vallées », tout cela dans une écologie de rêve. La France de Macron, hors sol, hors des réalités.
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Lorsqu’on a franchi les bornes, il n’y a plus de limites, disait Alphonse Allais. Alors, Macron ressert les vraies-fausses embauches de policiers et de magistrats. Le président le plus immigrationniste de l’histoire de France le promet : il va contrôler l’immigration illégale tout en accueillant mieux les immigrés légaux. Bien sûr. L’école, le système de santé, tout cela va aller mieux, vous allez voir. Le Paradis pour demain, et mieux encore. On se pince. On a des doutes, figurez-vous. On demande des preuves. Alors, Macron sort sa carte maîtresse : il avait promis de rebâtir Notre-Dame de Paris en cinq ans ? Personne n’y croyait. « On va le faire », dit-il. Oui, grâce aux grandes entreprises donatrices, celles de Bernard Arnault et de François Pinault entre autres. Merci patron ou merci Macron, qui brandit Notre-Dame de Paris mais laisse les églises de France s’écrouler, voire les aide à mourir ?
Notre mondialiste échevelé reparle d’un « élan national » avant que la Première ministre ne livre sa feuille de route… « National », le mot a du lui écorcher les lèvres. Il se donne cent jours et pas un de plus. Diable. Après six ans de désastre, cent jours… Et après cela, après ces cent jours, si le résultat n’est pas au rendez-vous ? Si Macron n’a toujours rien fait sur le dossier migratoire, s’il ne s’est pas attaqué à l’omniprésence de l’Etat qui étouffe ce pays, s’il cet « élan national » vendu par l’ennemi juré de la nation française se transforme en déroute, partira-t-il à Sainte-Hélène rédiger ses mémoires ? Cela, du moins, aurait une certaine allure, mais Macroléon le tout petit a encore du travail : il reste des pans de France à détruire, des campagnes à peupler d’immigrés, des centaines d’églises à écrouler. Au son des casseroles.