Plan mentorat : un cheval de Troie idéologique au sein de l’Éducation nationale

Scroll down to content

Anne-Sophie NOGARET pour FRONT POPULAIRE

30/04/2023

CONTRIBUTION / ANALYSE. 
Depuis 2021, l’État accentue le financement du mentorat, déléguant à des fondations privées la prise en charge d’élèves de REP (Réseau d’éducation prioritaire). Parmi celles-ci, des structures servent de relais d’influence à l’Open society et au frérisme.

Plan mentorat : un cheval de Troie idéologique au sein de l'Éducation nationale

Le Parisien du 19 avril dernier consacrait un article élogieux à la nouvelle donne éducative française expérimentée depuis deux ans dans quelques établissements d’éducation prioritaire : le suivi personnalisé d’élèves par des tuteurs bénévoles, sous l’égide de fondations et d’associations. Déjà présent en France sur un modèle d’inspiration républicaine, le système du mentorat connaît un net infléchissement idéologique avec la mise en place par l’État du plan « 1 jeune 1 mentor », en 2021. Car bien qu’il se réclame systématiquement de la méritocratie, le dispositif s’appuie en réalité sur la conception très américaine d’« égalité des chances ». Au modèle laïque français continue à ainsi se substituer en sous-main une conception mondialisée et multiculturaliste de l’éducation, indissociable de la discrimination positive. Retournement de paradigme planifié par un État qui n’aime pourtant rien tant qu’à évoquer les « valeurs de la République » : les fondations de mentorat sont certes des instances privées, mais elles bénéficient de la taxe d’apprentissage et de la dotation de 27 millions d’euros prévue en 2023 par le plan mentorat.

Parmi les structures investies à cette fin par l’Éducation nationale, Archery, fondation opportunément créée en 2021 par Thierry Déau, PDG du fonds d’investissement Meridiam. Le ministre de l’Éducation nationale est membre de droit de son conseil d’administration. Comment Archery, qui intervient depuis deux ans à Marseille, Saint-Denis et Sarcelles, et dans le XVIIIe arrondissement de Paris, sélectionne-t-elle ses lauréats, dont elle dit, notamment, pouvoir financer entièrement les études aux États-Unis ? 
« Une première phase d’identification de potentiels candidats au Jury de la Fondation […] commence dès les premières semaines de l’année de 3e […]. Les élèves, une fois identifiés, sont amenés à rencontrer le Program Manager de la Fondation », lit-on sur le site d’Archery. Un seul Program manager figure dans l’organigramme, Lyes Ben-Ali. La fiche LinkedIn et le compte Facebook de ce dernier exposent un parcours et un profil succinct : quelques années passées à la Société Générale (poste indéfini), un poste de recruteur en intérim, puis deux ans passés en tant que « chargé de projets éducatifs » au sein d’une association marseillaise, Synergie family, « start-up optimiste à fort impact, créateur d’expériences à fortes valeurs éducatives et inclusives ». Novlangue néo-libérale, désormais appliquée à l’éducation devenue secteur de marché.

Rhétorique frériste

Les publications Facebook de Lyes Ben-Ali témoignent également, outre d’une syntaxe et d’une orthographe approximatives, d’une certaine conception de l’« offense » : « Je ne suis pas un terroriste (…) ! Je ne pourrais jamais faire un dessin qui offense les cœurs des gens, je ne pourrais jamais dire une phrase qui blesse une personne émotionnellement comme je ne pourrai jamais m’attaquer physiquement à une personne qui m’offense », écrit le Program manager, mettant implicitement sur le même plan une caricature et un attentat.

La référence à l’islamophobie est présente, glissée parmi d’autres polémiques en vogue : « Les conflits israélo-palestiniens, l’islam, les juifs, les non croyants, les homos, les politiciens, les terroristes, le voile, la politique, le halal… (sic) » Autant de sujets qui « cassent les cacahouètes », selon le recruteur des lauréats Archery. La petite musique de l’islamophobie va trouver son point d’orgue avec la décapitation de Samuel Paty, ainsi commentée : « Bientôt, on va dire que la deuxième vague du Covid c’est de la faute des musulmans. Ce n’est pas l’islam qui a tué ce prof. C’est la bêtise de faire escalader les tensions et les violences. La provocation, l’intimidation, la discrimination, les stéréotypes, la privation de liberté… Cela ne peut mener qu’à de mauvaises et violentes réactions ! » En clair : l’assassinat de Paty, qui n’a rien à voir avec l’islam, peut néanmoins se justifier par les diverses vexations, menaces et persécutions que subiraient les musulmans en France…

Cette rhétorique ouvertement frériste peut légitimement susciter quelques interrogations quant aux critères présidant au choix des candidats opéré par M. Ben-Ali. Selon le site de la fondation, celle-ci sélectionne des adolescents qu’elle va ensuite former à la dernière épreuve du recrutement, un oral de 15 minutes. Archery repère donc des collégiens, les entraîne à son propre concours, puis les accompagne pendant plusieurs années, le suivi instauré s’achevant avec la fin de leur cursus post-bac. D’éducation intellectuelle, il n’est jamais question : celle-ci reste l’affaire du système scolaire, dont on connaît le triste état en général et en REP en particulier. Archery privilégie le choix de « leaders engagés […], de graines de champions qui transmettent les valeurs du sport […], d’artistes en herbe ». Militants, sportifs et artistes, autant de fonctions médiatisables, et à ce titre susceptibles de constituer d’efficaces courroies de transmission. De quel projet la fondation se fait-elle ainsi l’exécutrice ?

Une bonne parole inclusive et diversitaire

Pascale Déau, cofondatrice d’Archery passée par Columbia, dont la fiche LinkedIn précise qu’elle a « 6 ans d’expérience professionnelle dans le domaine de la durabilité et de la transformation sociale », affirme un « positionnement multiculturel et global ». En toute cohérence, les lauréats suivent les formations d’Eloquentia, une émanation du réseau d’influence Ashoka. Ashoka, participant de la galaxie de fondations financées par l’Open society de Georges Soros, repère et forme les Young fellows destinés à porter aux quatre coins du monde la bonne parole inclusive et diversitaire. Quant à Eloquentia, elle œuvre, comme son nom l’indique, dans le concours d’éloquence, distillant en filigrane un message discrètement frériste : la religion, le voile, la laïcité sont en effet autant de motifs récurrents dans les formations dispensées par l’association, solidement implantée en milieu scolaire.

Si l’éducation, raison d’être d’Archery, sert au premier chef l’agenda multiculturaliste et progressiste des Young leaders et autres Young fellows, elle sert aussi, mécaniquement, celui du frérisme, investi depuis plus de vingt ans dans les « droits humains » dont il a compris qu’ils constituaient un levier parfaitement adapté à son projet d’islamisation globalisée.

Jusqu’en 2021, le secrétaire général d’Archery, Erwan Katter, fut associé de Meridiam, l’entreprise de Thierry Déau. Il s’y occupait du fonds destiné au mécénat, avant que celui-ci ne change de statut pour devenir la fondation Archery. Une mutation que peut expliquer le lancement du plan « 1 jeune 1 mentor », la dotation de 16 millions prévue en 2021 par l’État étant destinée à couvrir les seuls frais de fonctionnement des structures choisies. En l’occurrence, créer une fondation permet tout simplement de bénéficier d’argent public.

Meridiam décline par ailleurs, comme l’exige aujourd’hui toute communication d’entreprise, les éléments de langage progressistes (climat, inclusion, diversité, etc.), affirmant vouloir « participer activement aux grands sujets de la société ». Il ne s’agit plus simplement d’être rentable, mais d’être acteur du changement social, mission normalement dévolue au politique.

Structures privées et vecteurs d’influence

Comme Archery, le fonds d’investissement de Thierry Déau est partenaire du réseau Ashoka. Empow’her et Bond’innov, associations qui visent à « identifier et accroître le potentiel des leaders inclusifs » figurent également sur la liste de ses partenaires. Meridiam, par le biais de l’entreprise, de la finance et de l’économie, et Archery par le biais des subventions d’État dédiées au mentorat, diffusent chacune dans leur registre l’idéologie de l’Open society ( la fondation de Georges Soros)

Parmi les structures participant du plan mentorat, l’article du Parisien cite Article1, association financée par les ministères de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur en vue de « soutenir le changement d’échelle du programme de mentorat ». Le plan, qui prévoit de multiplier par deux le nombre d’élèves « mentorés » (de 100 000 à 200 000), a à cet effet augmenté sa dotation, passée en deux ans de 16 à 27 millions d’euros. L’association Article1 est partenaire du réseau Youth4change (réseau d’ONG œuvrant à l’insertion), ainsi que du Club du XXIe siècle, think tank créé par Hakim El Karoui. Ce dernier, proche d’Emmanuel Macron, est également le fondateur du cabinet en conseil stratégique Volentia, des Young Mediterranean Leaders et de l’Association musulmane pour l’islam de France. Son think tank s’inscrit dans la droite ligne de la « société ouverte » qui sert de relais à l’islamisme d’influence. De cette réalité témoigne, entre autres, le programme du colloque qu’il organisait le 23 mars dernier au Conseil économique, social et environnemental (CESE), dans lequel intervenait Pap Ndiaye : « Construisons une représentation positive de la diversité socioculturelle en France » ; « un narratif commun pour des représentations positives de la diversité ». Voilà qui constitue en soi un parfait exemple de l’osmose des deux agendas : celui de l’Open society et celui du projet frériste, qui prône la substitution du narrativisme à l’histoire afin de « changer le regard de l’Occident sur l’islam ». Car si l’islam n’est pas ici nommé, c’est pourtant aussi de lui qu’il s’agit, considérant que la « diversité » en France est majoritairement musulmane.

Au cœur du think tank de Hakim El Karoui siègent et se croisent dirigeants de cabinets de conseil en stratégie et directeurs de grosses sociétés, présidents d’associations et de fondations (pour le mentorat, Elisabeth Tchoungui de Capital filles, Arduini-Elatfani Najoua d’Article1), Young fellows en ingénierie sociale et Young leaders décisionnaires.

Tel est précisément l’univers de référence d’Emmanuel Macron, réseau de structures privées et de vecteurs d’influence, qu’il fait bénéficier de fonds publics au détriment du politique, diffusant aux frais du contribuable la propagande islamo-wokiste censée former la future élite française issue de l’immigration.

Conformément, une fois encore, au modèle américain.

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

%d blogueurs aiment cette page :