Guerre en Ukraine : ces pays qui pourraient livrer des F-16 à Kiev

Washington a donné son feu vert à la livraison d’avions de combat F-16 à l’Ukraine. Combien d’appareils sont disponibles en Europe ?

Par Théo Sauvignet, LE POINT. 24 mai 2023

Joe Biden a donné le feu vert tant attendu par Kiev : les partenaires de l’Ukrainepourront envoyer des avions de combat F-16, achetés aux États-Unis. Quelques jours plus tôt, les Premiers ministres britannique et néerlandais annonçaient leur volonté de lancer une coalition européenne visant à fournir de tels chasseurs aux Ukrainiens, et la France s’est portée volontaire pour aider à former les pilotes. État des lieux des flottes disponibles chez les partenaires de Kiev.

Le F-16 est le best-seller des chasseurs occidentaux de sa génération, et encore l’avion de combat le plus utilisé dans le monde : il fut produit à plus de 4 000 exemplaires, dont plus de 1 500 sont encore en service. Né à la fin des années 1970, c’est un avion multirôle. Il est capable d’accomplir un vaste panel de missions, allant de la reconnaissance à la chasse d’autres aéronefs en passant par l’attaque au sol.

L’avantage du F-16 pour l’Ukraine, outre sa polyvalence, ce n’est pas tant sa puissance (comparable à ce que lui opposeraient les Russes) que sa disponibilité : il arrive en fin de vie et les forces aériennes européennes, notamment, en retirent chaque année des dizaines du service actif. Les Pays-Bas et le Danemark, à l’origine de l’initiative avec les Britanniques (qui n’opèrent pas de F-16), se sont portés volontaires pour fournir des avions. Ces deux pays font partie des partenaires originaux du programme F-16 et avaient négocié des retombées industrielles sur leur territoire en échange de l’achat de l’avion.

Plus de 400 F-16 à remplacer en Europe

Les Pays-Bas ont acheté au total 213 appareils, dont 108 ont été modernisés à mi-vie et étaient encore opérés récemment par l’armée de l’air néerlandaise. Ils sont en cours de remplacement par des F-35 américains et pourraient donc être livrés à l’Ukraine. Dans les années 2000, 6 appareils ont été cédés à la Jordanie et 18 au Chili. Il a été rapporté qu’Amsterdam aurait récemment annulé la vente de 40 F-16 à une compagnie privée, Draken, qui prévoyait de les utiliser comme « plastrons » (jouer l’adversaire lors d’exercices) pour entraîner des forces aériennes. Un autre groupe de 28 chasseurs cherchant acheteur pourrait également être transféré à Kiev.

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Côté Danemark, le pays a acquis 62 F-16 en tout, et devait initialement retirer l’appareil du service en 2024. Mais face à des retards de livraison de son successeur (là aussi, le F-35 américain), les vieux appareils resteront finalement en service jusqu’en 2027 dans le royaume. Le retrait étant progressif, un certain nombre de F-16 danois sont cependant déjà disponibles à la vente, ou au don. L’Argentine s’était positionnée pour les acheter dans le cadre d’une montée en puissance de sa force aérienne, mais Copenhague pourrait décider de les envoyer en Ukraine en priorité.

La Norvège opérait 72 F-16, tous rénovés et déjà remplacés par le F-35. Jusqu’ici, 32 de ces chasseurs ont été cédés à la Roumanie en 2021 et 12 autres à la compagnie Draken. En Belgique, 53 F-16 étaient encore opérés par la Composante air en 2022, sur 160 commandés. Mais Bruxelles attend les premières livraisons de F-35 en 2025 et argue que sa force aérienne a bien besoin de tous les appareils disponibles pour assurer ses missions. Si le pays s’est porté volontaire pour aider à former les pilotes et mécaniciens, il est encore exclu de livrer des chasseurs. Dans tous les cas, les dirigeants du pays précisent que leurs F-16 ayant atteint le plafond de 8 000 heures de vol prévues devront être entièrement rénovés avant d’envisager la moindre livraison.

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Des flottes en flux tendus

D’autres pays européens opèrent le chasseur : le Portugal dispose de 30 F-16 rénovés et a proposé de participer à la formation des Ukrainiens, mais exclut également de livrer le moindre appareil, ayant besoin de tous pour assurer ses missions. La Roumanie est un acquéreur récent, il semble donc peu probable que le pays en cède des exemplaires. La Grèce et la Turquie, deux gros opérateurs du chasseur, sont engagées dans une logique de confrontation mutuelle et modernisent régulièrement leurs flottes jusqu’aux derniers standards : il est peu probable qu’ils en fournissent à l’Ukraine.

Outre-Atlantique, Washington a reçu plus de la moitié des F-16 fabriqués et en opérait encore un peu plus d’un millier en 2021, à ajouter à quelques centaines d’appareils tenus en réserve. L’appareil est, là aussi, remplacé par le F-35, mais les États-Unis tiennent à leur capacité opérationnelle et excluent toute livraison à l’Ukraine pour le moment.

Quoiqu’il arrive, la formation des pilotes se compte en mois, de 3 à 6, si ce n’est plus, et celle des mécaniciens au moins autant. Le F-16 est un appareil qui nécessite également une logistique lourde qu’il faudra mettre en place et demande des infrastructures en très bon état. Il faudra probablement adapter les pistes des bases aériennes ukrainiennes pour lui permettre d’opérer. L’Ukraine devra donc patienter avant de recevoir ses premiers chasseurs multirôles occidentaux.

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