Macron au pays de Gengis Khan

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Georges Michel 23 mai 2023. BOULEVARD VOLTAIRE

 

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Visiblement, Emmanuel Macron a bien aimé son escale en Mongolie, au retour du G7 à Hiroshima. Littéralement conquis par la sagesse mongole, qu’il nous rapporte en France comme d’autres des mugs ou des boules à neige, avec ce tweet : « Deux personnes solidaires sont fortes comme l’acier, vingt personnes isolées sont fragiles comme le papier. » C’est beau. Et sans doute vrai. On aurait pu dire ça jadis, lorsqu’on évoquait, les larmes aux yeux, la solidité du fameux couple franco-allemand, désormais rangé au musée des grands mythes de l’humanité, pour ceux, tout du moins, qui ont gardé un certain sens des réalités. De Gaulle nous avait fait « la mano en la mano » au Mexique. Macron, lui, a trouvé un créneau qui était libre avec ce pays coincé entre Russie et Chine. Il ne manque pas de ressource. La Mongolie non plus, ça tombe bien. Donc, la sagesse mongole, « cette sagesse des descendants de Gengis Khan, j’en fais la devise de nos combats communs avec la Mongolie », ajoute le Président.

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À ce sujet — Une idée de voyage exotique pour déboulonneurs compulsifs

Il y a bientôt trois ans, nous avions conseillé, ici même, aux fans de déboulonnage en tout genre de se rendre dans ce pays qui est, à n’en point douter, des plus charmants. On y a édifié une statue de ce terrible héros du XIIe siècle pesant pas moins de 250 tonnes (la statue, pas le héros). Un sacré bonhomme, ce Gengis Khan qui fait l’objet d’une véritable vénération en Mongolie. Pas du genre déconstruit comme les aime Sandrine Rousseau. Pourtant, il faut le dire, il existait, au temps de Gengis Khan, une sorte d’égalité hommes-femmes, ces dernières exerçant par exemple la fonction de maître de camp. En moins de vingt ans, ce fils de chef de clan établit un vaste empire entre mer Caspienne et mer Jaune. Marie Favereau, maître de conférences en histoire médiévale à l’université de Paris Nanterre et auteur d’un ouvrage intitulé La Horde.Comment les Mongols ont changé le monde, avait répondu, en 2021, àune interview sur France Culture. Mettant en avant le génie militaire et politique de Gengis Khan mais aussi sa tolérance religieuse, elle n’en occultait pas moins sa cruauté : « Les guerriers mongols mettent en scène leur violence afin de déclencher une panique chez les habitants et obtenir des conditions de reddition avantageuses », expliquait-elle. En clair, le massacre – les historiens évoquent des victimes par centaines de milliers, voire millions – ne relevait pas des vulgaires exactions comme, malheureusement, les guerres depuis toujours en ont produit, mais d’une véritable action raisonnée. Certes, on pourrait dire qu’il y a prescription, mais quand on voit les précautions prises, aujourd’hui, en France, pour commémorer le souvenir napoléonien, on ne peut que sourire à l’évocation historique de Macron, sans doute concoctée dans l’avion par un conseiller entraîné à la lecture rapide de Wikipédia.

Parlons tout de même des « descendants de Gengis Khan » évoqués par Emmanuel Macron. La réalité est qu’ils ne se cantonneraient pas aux seuls habitants de la Mongolie actuelle. On prête en effet à celui qui fut nommé Temüjin à sa naissance des centaines d’enfants au gré de ses conquêtes militaires à travers l’Asie. Une étude ADN de 2003 a même démontré que des millions d’hommes, à travers le monde, pourraient descendre de Gengis Khan. On a, ainsi, déterminé un petit groupe de chromosome Y similaire conduisant à un ancêtre commun qui vivait à l’époque de Gengis Khan. Or, les chercheurs estiment que le seul homme qui avait, à cette époque, l’occasion d’engendrer une descendance aussi nombreuse ne pouvait être que Gengis Khan lui-même. La guerre offrait quelques avantages, entre deux massacres.

Pour ses prochains voyages à l’étranger, on ne saurait trop conseiller à Emmanuel Macron d’évoquer le nom du grand ancêtre de l’étape : Attila en Hongrie, Caligula en Italie ou Dracula en Roumanie. Ça plaît toujours.

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