Georges Michel 26 mai 2023. BOULEVARD VOLTAIRE

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Il faut lire ce rapport, évoqué par Arnaud Florac, mercredi 24 mai, rédigé par deux députés macronistes, Stella Dupont et Mathieu Lefèvre, et désormais en ligne sur le site de l’Assemblée nationale. Un rapport sur « l’orientation directive des demandeurs d’asile ».
Qu’est-ce ? « L’orientation directive vise à équilibrer sur le territoire métropolitain le flux et l’accueil des primo-demandeurs d’asile en besoin d’hébergement afin de corriger certains déséquilibres géographiques enregistrés lors du dépôt des demandes d’asile. » Qu’en termes élégants ces choses-là sont dites !
Bien évidemment, le droit d’asile est un droit fondamental, mais on a bien compris qu’il est utilisé abusivement par nombre de migrants entrant sur le territoire national. Guerres et persécutions sont des motifs reconnus par le droit international et par notre droit national. Or, quelle est la part de ces migrants demandeurs d’asile subissant, dans leur pays d’origine, guerre ou persécutions ? On peut se poser légitimement la question en lisant ce rapport où on découvre, par exemple, qu’en 2022, 9.979 demandes turques ont été déposées, contre 4.987 en 2021. La Turquie ? Cette grande démocratie, membre du Conseil de l’Europe, disposant d’un siège de juge à la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) depuis 1959, membre de l’OTAN et officiellement pas en guerre ! Passons.
Dans ce rapport, on découvre d’autres choses tout aussi étonnantes. Par exemple, que 4 demandeurs d’asile sur 10, sur la période 2021-2022, ont refusé ou n’ont pas rejoint le lieu d’hébergement qu’il leur était proposé par l’administration. Mais les auteurs du rapport voient les choses du bon côté : « Le bon fonctionnement de l’orientation directive s’apprécie également au regard de la proportion importante de demandeurs d’asile acceptant la proposition qui leur est formulée puis se présentent ensuite sur le lieu d’hébergement désigné. » L’histoire de la bouteille à moitié pleine… Les taux de refus sont particulièrement importants chez les demandeurs turcs, bangladais et sri-lankais.
Explication ? « Ces demandeurs d’asile sont accueillis par leur communauté, voire par des réseaux en Île-de-France. » Et les rapporteurs d’ajouter : « Ces considérations conduisent les rapporteurs à penser que cette migration semble reposer principalement sur des considérations économiques. » Tiens, donc ! Stella Dupont fait, d’ailleurs, une proposition très intéressante, sans doute pour réduire ce taux de refus : « Adapter l’algorithme utilisé par l’Office français de l’immigration et de l’intégration pour que cet outil tienne compte de l’existence d’attaches particulières du demandeur d’asile dans la région d’affectation. »
Comme ça, on aura des villages bangladais, turcs, que sais-je encore, « sur nos territoires ». Ou comment aller vers une société de plus en plus communautarisée à la britannique… Un jour, pas si lointain peut-être, on trouvera même que c’est drôlement bath que la garde-champêtre du village porte le voile sous sa casquette, comme les policières au Royaume-Uni. On exagère ? On verra.
À ce sujet — Répartition des migrants dans « nos territoires » : on peut faire mieux…
Vous verrez, d’autant qu’il y a des « success-story » (sic), nous disent les rapporteurs.
Ainsi, ce maire qui explique que, sans l’implantation d’un centre d’accueil pour demandeurs d’asile (CADA), « il n’y aurait pas eu de salle des fêtes » dans la commune.
Pourquoi ? Parce qu’un ancien EPHAD, propriété communale, a vu « les deux tiers de la surface affectés à un CADA qui verse un loyer » et le troisième tiers « aménagé en salles des fêtes et en logement passerelles ».
Ou encore cet autre maire qui se réjouit que l’implantation d’un CADA a permis « de maintenir des classes qui auraient pu être menacées de fermeture » et qu’« au niveau sportif, les enfants viennent gonfler les effectifs ».
À la bonne heure ! Prochaine étape, on se réjouira que l’on ait pu conserver l’église au milieu du village en la transformant en mosquée. Il fallait simplement y penser.
Parmi les propositions de ce rapport, on retiendra celles-ci : « étudier la possibilité d’imposer l’attribution d’un nombre de logements par commune en faveur des demandeurs d’asile afin de favoriser l’accroissement du nombre de places de CADA en diffus » et « aménager la loi SRU (solidarité et renouvellement urbain) pour inciter les collectivités territoriales à favoriser l’implantation de lieux d’accueil des demandeurs d’asile ».
« Imposer », « inciter » : on a bien compris qu’en Macronie, il s’agit de resserrer toujours plus l’étau étatique sur les communes au profit d’une politique résolument immigrationniste.
Aux antipodes de cette vision jacobine, la députée RN de Vaucluse, Bénédicte Auzanot, vient de déposer une proposition de loi visant à donner le pouvoir aux élus locaux. Ainsi, elle propose d’ajouter, dans le Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile, que le conseil municipal de la commune dans laquelle est prévue l’implantation d’un lieu d’hébergement pour demandeurs d’asile ou réfugiés soit décisionnaire, avec la possibilité de faire un référendum local.
Après tout, qu’aurait à craindre le gouvernement avec une telle mesure, lui qui est si avide de démocratie ? Et puis, les « success-story » sont si nombreuses…