Connivences avec le Hamas : un médecin de MSF témoigne !

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EXCLUSIF. Combattants du Hamas dans l’hôpital, connivences de son ONG avec les terroristes… Un médecin témoigne anonymement auprès du JDD.

Propos recueillis  par Mélanie Lepoutre. 09/06/2024. LE JDD

Arrivée d'un jeune Palestinien touché par balle à l'hôpital de Gaza et opéré par MSF.
Arrivée d’un jeune Palestinien touché par balle à l’hôpital de Gaza et opéré par MSF. Getty Images via AFP / © Getty Images/AFP

Le JDD. Quelle était votre mission à Gaza ?

J’enseignais aux chirurgiens et aux anesthésistes comment mieux prendre en charge leurs patients. Pour la plupart, il s’agissait de jeunes Palestiniens en colère, touchés par une balle dans les jambes par Tsahal après avoir manifesté près de la barrière frontalière. Ils avaient regardé trop de films occidentaux (il n’y a pas grand-chose d’autre à faire à Gaza) et croyaient naïvement que s’ils étaient blessés, il suffirait de mettre un pansement sur leur plaie pour se rétablir rapidement.

Ils ne savaient pas qu’ils allaient souffrir d’ostéomyélite, devoir passer des semaines à l’hôpital et, sans doute, vivre une vie de douleur chronique et d’invalidité nécessitant souvent une reconstruction osseuse. Aucun n’avait protesté pour des raisons idéologiques. C’était davantage une question d’argent. Si vous recevez une balle dans les jambes par Tsahal, vous obtenez une pension du Hamas. Et si vous fréquentez une clinique anti-douleur, vous recevez du tramadol, un médicament opiacé qui est ensuite revendu au marché noir.

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Comment avez-vous été accueilli ?

À Tel-Aviv, j’ai été interrogé pendant six heures à l’aéroport David-Ben-Gourion. Les Israéliens supposent que tous les personnels de MSF sont des espions palestiniens. De même, au poste-frontière d’Erez, le seul point de passage entre Israël et la bande de Gaza, j’étais accusé d’être un espion israélien par la sécurité du Hamas. Tout le monde est paranoïaque et méfiant. Traverser le poste-frontière d’Erez a été un moment surréaliste à l’extrême. J’ai bien connu certains militaires israéliens qui tenaient le poste. J’ai le cœur brisé de savoir qu’ils ont fait partie des premiers tués lors de l’attaque du 7 octobre.

« On m’a clairement fait comprendre qu’il y avait une partie du bâtiment interdite »

Vous avez travaillé à l’hôpital Al-Shifa entre août et novembre 2022. Avez-vous été témoin d’une activité militaire dans le bâtiment ?

J’ai vu un certain nombre de mouvements non médicaux. Il était tenu pour acquis que le Hamas y avait une base et qu’il y avait des tunnels sous l’hôpital. On m’a clairement fait comprendre qu’il y avait une partie du bâtiment interdite et que je n’étais pas autorisé à y entrer. On m’a dit qu’il y aurait du personnel armé et que je risquais d’être abattu si j’y allais. On m’a aussi dit de ne pas en discuter. Je n’ai posé aucune question et je suis resté à l’écart de la zone après avoir été prévenu.

Le personnel pouvait-il ignorer la présence de combattants du Hamas ?

Absolument pas. Le personnel connaissait l’existence de ces zones interdites. D’ailleurs, je ne pense pas que vous soyez nommé à un poste de direction à Gaza, en médecine ou quoi que ce soit d’autre, à moins d’être membre ou un sympathisant du Hamas. La neutralité y était superficielle et tout le monde détestait Israël.

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Le personnel soutenait-il le Hamas ?

Certains ont soutenu positivement le Hamas. D’autres ont apporté un soutien symbolique pour leur propre sécurité et simplement pour pouvoir faire leur travail sans interférence. Le problème est que le Hamas a endoctriné plusieurs générations de Palestiniens contre les Juifs et Israël.

En 2022, par exemple, ils organisaient des camps d’été très appréciés pour les jeunes qui n’avaient rien d’autre à faire. Les activités pratiquées incluaient l’endoctrinement politique et le maniement des armes.

Avez-vous discuté de cette situation avec votre chef de mission ?

Non, car il était clair que mes collègues soutenaient tacitement le Hamas et étaient, parfois, antisionistes au point d’être antisémites. Le personnel de MSF s’opposait clairement à ce que j’aie des amis juifs et n’aimait pas que je côtoie des Israéliens. Toute plainte tombait dans l’oreille d’un sourd.

« MSF a fermé les yeux, comme tout le monde sur le terrain »

Diriez-vous que Médecins sans frontières a fermé les yeux sur la situation sur place ?

MSF a fermé les yeux, comme tout le monde sur le terrain. Si une organisation était considérée comme critique à l’égard du Hamas, il aurait été impossible pour elle de travailler à Gaza. Tout le monde est simplement resté silencieux. Que ce soit MSF ou d’autres organisations, ils n’avaient d’autre choix que de fermer les yeux sur le Hamas, sinon ils n’auraient pas pu travailler du tout.

Les accusations d’Israël contre l’UNRWA vous ont-elles surpris ?

Il n’est pas surprenant qu’ils soient tacitement de connivence avec le Hamas, sinon ils ne seraient pas autorisés à opérer là-bas. Toute personne en position d’autorité à Gaza opère avec la bénédiction du Hamas.

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Qu’est-ce qui vous a le plus marqué au cours de votre séjour sur place ?

L’atmosphère paranoïaque, la peur et la suspicion ! Pendant mon séjour, je me suis lié d’amitié avec un médecin palestinien qui a été menacé par la sécurité du Hamas après avoir été accusé de ressembler à un Juif et de dire publiquement qu’il ne priait pas cinq fois par jour. Les membres du Hamas allaient lui écraser les mains avec une clé à molette avant de se raviser parce qu’il avait soigné un cousin d’un des agents de sécurité. Ce soir-là, en rentrant du travail, ce médecin n’a pas raconté cet incident à sa femme tant il y a de paranoïa collective là-bas.

Les Palestiniens vivent une tragédie. J’en ai rencontré qui m’ont dit que l’action israélienne était justifiée, qu’elle constituait un prix à payer pour que leurs enfants ne soient pas élevés dans un pays contrôlé par le Hamas.

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