RETOUR. C’est la fenêtre qu’il attendait pour assouvir son obsession : être à nouveau candidat à la présidentielle. François Hollande revient… grâce à ses meilleurs ennemis.
Antonin André16/06/2024 LE JDD
C’est une petite combine d’arrière-cuisine dont seuls les socialistes ont le secret. Un art dans lequel le chef incontesté se nomme François Hollande. Alors que le PS s’apprêtait à investir le maire de Tulle, Bernard Combes, homme-lige de l’ancien président, comme candidat aux législatives dans la première circonscription de Corrèze, c’est François Hollande qui est sorti du chapeau de la fédération socialiste de Corrèze hier matin. Olivier Faure a dû avaler la couleuvre moyennant un deal obscur sur une autre circonscription où la fédération locale faisait de la résistance. Surtout, le premier secrétaire, qui fut directeur adjoint de cabinet de François Hollande entre 2000 et 2007, aurait été mal avisé de vouloir shooter le coucou Hollande qui logeait dans le nid d’un autre, alors qu’il s’indignait dans le même temps de la purge en cours chez son compère Mélenchon.
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Trente-six ans après son premier mandat d’élu local en Corrèze, François Hollande revient dans la vie politique, bénéficiant d’un alignement parfait des planètes. L’électrochoc de la dissolution, la possibilité de l’arrivée au pouvoir du RN et enfin l’absence d’incarnation à gauche pour 2027. Hanté par le regret de ne s’être pas confronté au jugement du peuple en 2017, François Hollande n’a qu’un seul agenda, celui de la présidentielle. Et ce qui n’est pas le moindre des paradoxes, ce sont ses meilleurs ennemis qui l’ont remis en selle.
Emmanuel Macron bien sûr en jouant la dramatisation de la dissolution. À peine nommé secrétaire général de l’Élysée, Macron dézinguait devant témoin ce président « qui donne des coups de gouvernail » à l’arrière de la barque, incapable de tenir un cap. Le journaliste Jean-Pierre Elkabbach, sur Europe 1, l’avait affublé du surnom de « Brutus » lorsqu’il quitta lui-même le bateau pour mener campagne contre Hollande. Cruelle comparaison qui habite encore aujourd’hui l’ex-président socialiste. En lui ouvrant un chemin de retour, Emmanuel Macron trouvera peut-être la rédemption.
Jean-Luc Mélenchon ensuite, l’homme qui nourrit la plus profonde détestation de tout le monde politique envers François Hollande. Humilié lors du Congrès de Brest en 1997, Jean-Luc Mélenchon, laminé aux élections du PS pour le poste de premier secrétaire, avait négocié avec François Hollande un score gonflé à 15 %. Hollande publiera des résultats ramenant Mélenchon à 10 %. La source d’une haine qui ne fit que gonfler au fil du temps. Non seulement Mélenchon investit – via le Front populaire – son pire ennemi, mais il risque bien de se faire définitivement éclipser si Hollande revient à l’Assemblée nationale où lui ne siège plus.
Olivier Faure voit revenir « papa »
Enfin, Olivier Faure, premier secrétaire du PS qui se rêvait un destin de présidentiable, voit revenir « papa ». Auteur d’une très belle BD politique Ségo, François, papa et moi en 2007, décrivant de l’intérieur les relations compliquées de ce couple politique qu’il servait au PS, Faure, meilleur dessinateur que fin politique, s’est réveillé samedi en plein cauchemar. Bien qu’il fût le seul à y croire, son rêve élyséen s’est fracassé sur la première circonscription de Corrèze.
Ségo, quant à elle, n’est pas candidate aux législatives. De loin, elle ironise, amusée, sur « ceux qui n’arrivent jamais à décrocher de la politique » pour commenter la candidature de François Hollande, visiblement peu surprise de son retour dans le jeu.
Il se trouvera même, qui sait, des gens assez masochistes pour rappeler celui qui nous amena à la présidence d’Emmanuel Macron !…
ARTOFUS
Incompréhensible pays…
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MEMORABILIA 