François d’Orcival: «Giorgia Meloni, nouvelle femme forte de l’Europe»

Par François d’Orcival. LE FIGARO

CHRONIQUE – Sortie renforcée du scrutin européen, la première ministre italienne a engrangé les succès lors du dernier G7.

Cet article est issu du Figaro Magazine

C’était bien la première fois que l’on voyait le pape au G7… Giorgia Meloni l’a naturellement placé à sa droite sur la photo officielle du sommet de Bari. Un sommet qui n’a pas seulement réuni ses sept États membres, mais aussi, et à la seule initiative de l’Italie, puissance invitante, une douzaine de pays du sud, d’Amérique, d’Afrique et d’Orient.

L’Italie entendait montrer qu’elle est capable de jouer un rôle clé et même innovant dans les relations entre «Nord global» et «Sud global», et même entre le sud et le sud! Ainsi le Brésil et l’Argentine qui ne se parlent pas, mais que Mme Meloni a fait se rencontrer, ou l’Algérie et la Tunisie, si souvent séparées ; et puis la Turquie de M. Erdogan, qui adore insulter la France, mais qui n’a pas pu éviter Emmanuel Macron, et s’est retrouvée avec les Émirats, la Jordanie ou l’Inde, amis des Français. Et ainsi de suite, comme l’Algérien Tebboune qui a reçu le Mauritanien, le Kenyan, et même Macron, qui aimerait reprendre de meilleures relations avec lui…

Comprise et approuvée

Le choix d’avoir tenu ce sommet du G7 à Bari, à la pointe méridionale du pays, n’est en rien le fait des circonstances, «c’est voulu», a dit Giorgia Meloni.

Pour montrer à la planète que l’Italie croit au dialogue stratégique avec le «Sud global», puisque c’est avec l’Afrique qu’il faut parler si l’on veut limiter les mouvements migratoires vers l’Europe. «Nous avons lancé la coalition du G7 pour parvenir à combattre les migrations clandestines», a-t-elle expliqué. On lui a rétorqué que cela n’était pas incompatible avec la volonté d’autres partenaires du G7 – et notamment la France – d’inclure l’avortement dans les luttes que les Occidentaux veulent imposer dans leurs déclarations.

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Giorgia Meloni s’y est opposée, non seulement parce que c’est contraire à la doctrine chrétienne, donc à l’enseignement du pape, mais surtout parce que l’Afrique n’en veut pas. La mention de l’avortement n’a pas figuré dans le communiqué final du G7. En revanche, ce texte insiste sur tout ce qui doit être fait, sur les deux rives de la Méditerranée, pour réduire sinon arrêter les flux migratoires du sud vers le nord. Il plaide pour «la responsabilité partagée».

Giorgia Meloni a tenu à ses partenaires du G7 le même discours qu’à ses électeurs aux européennes, près de deux ans après avoir été élue par eux aux législatives. Elle risquait une sanction si elle n’était pas comprise. Elle est donc allée elle-même à la bataille.

Or, elle a non seulement été comprise mais approuvée, en gagnant près de 3 points (de 26 à 28,8 %), tandis que ses partenaires de la Ligue et de Forza Italia se consolidaient eux aussi. Et maintenant, elle passe pour la reine de l’Europe.

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