SONDAGE – Les Français de plus en plus mécontents d’Emmanuel Macron

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DÉSAVEU. Dans notre baromètre Ifop, Emmanuel Macron dévisse. Les Français lui reprochent de jouer « à la roulette russe » avec le Rassemblement national.

Antonin André. 23/06/2024

Emmanuel Macron.
Emmanuel Macron. © Ludovic MARIN/AFP

« La dissolution ressemble à un caprice d’adolescent blessé dans son ego ! » Commentaire cinglant d’un des Français sondés par l’Ifop. Une phrase qui rejoint l’analyse d’un des principaux ministres du gouvernement : « Macron déteste qu’on lui dise ‘‘non’’. Pour la première fois depuis qu’il est président, il n’a consulté ni Richard Ferrand, ni François Bayrou, ni ma pomme avant de prendre une décision aussi importante. Parce qu’il savait qu’on s’y opposerait. »

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Sondage Ifop pour le JDD.
Sondage Ifop pour le JDD. © IFOP POUR LE JDD.

Avec 26 % de satisfaits, Emmanuel Macron atteint son chiffre le plus bas depuis la bataille des retraites, au point de dérouter ses propres électeurs de premier tour de 2022 (-11). « Trois mots reviennent en boucle chez 95 % des sondés à propos de la dissolution : ‘‘Incompréhensible’’, ‘‘irréfléchie’’, ‘‘irresponsable’’ », décrypte le patron de l’Ifop Frédéric Dabi. Le ressentiment et la colère s’expriment de manière décomplexée, « c’est le piège machiavélique d’un petit monsieur, bien éloigné des préoccupations des Français », « complètement fou », « un homme seul qui n’écoute rien », « un gamin »… 

La stature présidentielle qui valait à Macron d’être respecté, y compris parmi ses opposants, est aujourd’hui en morceaux. Cruel paradoxe pour celui qui promettait en 2017 que les Français « n’auraient plus aucune raison de voter pour les extrêmes » : c’est précisément le fait de « dérouler le tapis rouge au RN » qui lui est renvoyé au visage aujourd’hui. « Et si c’était justement un calcul de sa part ? » abonde un proche du Premier ministre Gabriel Attal. « En faisant entrer Bardella à Matignon, il s’évite d’être celui qui sert la main au RN pour lui transmettre le pouvoir, une photo historique sur laquelle il ne figurera pas… » 

La stature présidentielle est aujourd’hui en morceaux

Le jugement de certains ministres est au moins aussi sévère que celui des Français. « Comment-a-il pu croire que les Français seraient gouvernés par des résultats économiques ? s’agace un poids lourd du gouvernement, ce président a déserté l’idéologie, le sens. Résultat : ils sont aujourd’hui attirés par les lumières éclatantes des extrêmes. » Coupable encore, son obstination. « Il ne parle que de chiffres ! On fait campagne sur ce qui n’intéresse pas les gens ! D’autorité, d’islam, de laïcité par contre, il n’en est pas question ! » 

La critique se répand dans la majorité contre ce président pyromane. Tandis que le chef de la majorité, lui, se protège en faisant campagne. Sans relâche. C’est son seul bouclier. De fait, Gabriel Attal conserve un socle de popularité assez élevé à 41 %, même s’il perd 4 points, dommage collatéral de la décision du président. « Courageux », « en campagne », alors qu’Emmanuel Macron décroche chez les retraités et les personnes âgées, Attal, lui, rassure (48 % de bonnes opinions). Reste qu’irrémédiablement, le Premier ministre est ramené à son lien de dépendance au président, contraint de respecter « les ordres du grand chef ». Quel que soit le dénouement du 7 juillet, Gabriel Attal peut espérer préserver son image en montant en première ligne jusqu’au dernier jour de la campagne.

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