Vitry-sur-Seine : à un mois des Jeux olympiques, qu’est-il advenu du plus grand squat de France ?

Par Amaury Dufourcq-Boutin. LE FIGARO

26 Juin 2024

Le squat, qui abritait des centaines d’individus depuis 2021, avait été démantelé le 17 avril dernier lors d’une opération de grande envergure impliquant environ 250 policiers. Amaury Dufourcq-Boutin/Le Figaro

REPORTAGE – Le squat qui abritait 450 migrants avait été évacué 100 jours avant la cérémonie d’ouverture, lors d’une intervention policière d’ampleur. Le site est aujourd’hui surveillé de près pour éviter toute reformation du camp.

Coincée entre Vitry-sur-Seine et Alfortville, une colonne de caravanes de gens du voyage s’étend le long d’une route passante. Derrière les platanes qui la bordent, on aperçoit la silhouette du bâtiment qui était, il y a encore quelques semaines, le plus grand squat de France. Les deux communautés se côtoyaient, sans pour autant se mélanger. «Ah les Africains ! Oui, on les connaît, mais on n’a pas de relations avec eux», dit une mère de famille rencontrée sur place.

Ce grand immeuble de fer et de verre accueillait jusqu’en 2020 les locaux de l’entreprise Ouibus. Abandonné, il avait été investi dès mai 2021 par des centaines d’étrangers expulsés d’autres squats franciliens, comme celui de l’ancien site d’Unibéton à L’Ile-Saint-Denis, proche du futur village des athlètes des Jeux olympiques de Paris.

Le site, qui borde la Seine, abritait une population mêlant sans-papiers, demandeurs d’asile et réfugiés statutaires sans logement, selon un responsable de l’association United migrants. Ils venaient en majorité du Soudan, du Tchad, d’Érythrée et d’Éthiopie. Le squat avait finalement été démantelé le 17 avril lors d’une opération policière mobilisant 250 forces de l’ordre. Quelques valises et vêtements jonchent encore les abords du bâtiment, laissés par les squatters dans leur départ précipité.

«Un matin, les CRS ont bloqué la rue et ont tout vidé», se rappelle le jeune guichetier de la Marbrerie de l’Emperador, qui jouxte l’ancien squat. «Vers 13 heures, c’était terminé. Il n’y a pas eu de résistance violente», détaille-t-il. Les migrants qui l’acceptaient sont montés dans des bus affrétés par la préfecture. Après évaluation de leur situation administrative et familiale, ils ont été conduits vers des centres de relogement provisoire en Île-de-France, à Orléans et Bordeaux. «Certains des sans-abri ont été placés dans des logements publics ou associatifs provisoires, mais au bout de trois ou quatre semaines, ils étaient à nouveau à la rue», assure au Figaro le responsable de l’association United migrants présent le jour de l’évacuation. Quant à ceux qui ont préféré «se débrouiller seuls», ils sont désormais «dans la nature, dans une situation précaire», se désole-t-il.

L’intervention du 17 avril s’est «bien passée» parce que des moyens «conséquents» avaient été mis en place par la préfecture de police, commente de son côté Ludovic Giral, commissaire central de Vitry-sur-Seine. Il salue une situation aujourd’hui stable. Ni la mairie de Vitry, ni la préfecture n’ont souhaité s’exprimer.

«Ils ont tout détruit»

Aujourd’hui, les pelleteuses s’activent sur la zone qui entoure l’ancien squat, seul bâtiment encore debout : il faut d’abord mener une étude sur l’éventuelle présence d’amiante, avant de pouvoir l’abattre à son tour. «Ce n’est plus qu’une question de mois», confie au Figaro la responsable de l’Epfif de Vitry-sur-Seine, l’Établissement Public Foncier d’Île-de-France qui possède les murs envahis par la végétation.

Les travaux en cours ont été commandés par l’agence publique Grand Paris Aménagement.

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Des blocs de béton anti-intrusion ont été installés derrière le portail principal, enchaîné et cadenassé. À l’intérieur se trouvent deux agents de sécurité qui surveillent le site, désormais équipé d’un système d’alarme à détection automatique. «On est arrivés trois jours après l’intervention des forces de l’ordre», explique le premier, tandis que son collègue déjeune en silence. «C’est stable, il ne se passe plus rien à part les travaux», poursuit-il. Les seuls qui leur donnent du fil à retordre, «ce sont les gitans», dont le campement illégal est à quelques encablures. «Ils viennent chercher eau et électricité. Ils ne sont pas dangereux, mais obligent à une vigilance constante», détaille l’agent de sécurité.

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