Guillaume Tabard : Emmanuel Macron a aussi dissous les JO de Paris 2024

Par Guillaume Tabard. LE FIGARO

27 juin 2024

L’élan d’optimisme et de patriotisme que l’on sentait monter depuis l’accueil de la flamme à Marseille a été occulté, sinon brisé. Andre Pain / REUTERS

CONTRE-POINT – À moins d’un mois de la cérémonie d’ouverture, on ne devrait parler que des Jeux olympiques ; on ne parle que du RN et de LFI. L’élan olympique est gâché.

Les « éléments de langage » se démodent très vite. La défaite aux européennes ? Un mauvais moment à passer, assuraient jusqu’au 9 juin les proches d’Emmanuel Macron. Les commentaires seraient mauvais vingt-quatre heures, mais, heureusement, on allait oublier très vite la politique pour basculer dans la grande et belle aventure des Jeux olympiques. Et le chef de l’État allait pouvoir incarner un moment historique de concorde, de ferveur et de fierté nationales. La France enfin unie.

Las, la dissolution et les tensions du débat politique ont mis à bas ce beau scénario. Et ce sont les JO qui en pâtissent. L’événement lui-même n’est pas en cause. Rarement des JO ont été aussi bien préparés, tous domaines confondus. Cette maîtrise en amont est un exploit dont tous les acteurs – les équipes organisatrices de Tony Estanguet, les acteurs ministériels, Gérald Darmanin et Amélie Oudéa-Castéra, l’appareil de l’État coordonné par les préfets Marc Guillaume et Laurent Nuñez, les collectivités territoriales… – peuvent légitimement être fiers.

Mais c’est l’élan d’optimisme et de patriotisme que l’on sentait monter depuis l’accueil de la flamme à Marseille qui a été occulté, sinon brisé. À vingt-huit jours de la cérémonie d’ouverture, on ne devrait parler que des JO ; on ne parle que du RN et de LFI. On devrait être dans une trêve euphorisante ; Emmanuel Macron agite le spectre de la « guerre civile ». La fête aura sans doute bien lieu dans un mois, mais ses prémices sont gâchées.

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Dire que tout est prêt ne suffit pas

Un changement de majorité politique pèsera-t-il sur le bon déroulement des Jeux ? Dans l’hypothèse d’une victoire du RN, Jordan Bardella a d’ores et déjà dit qu’il faisait « toute confiance » aux équipes à l’œuvre et qu’il ne demanderait aucune modification. Tout au plus devra-t-il se résoudre à écouter chanter Aya Nakamura dont il estimait qu’elle ne pouvait pas « représenter la France ». Quant au refus d’Anne Hidalgo d’apparaître aux côtés d’un Bardella premier ministre, on peut penser que les téléspectateurs s’en remettront…Gérald Darmanin a d’ores et déjà prévenu qu’il quitterait la Place Beauvau dès le 8 juillet. Dire que tout est prêt ne suffit pas

Une victoire de la gauche serait davantage source de tension puisque les Insoumis ont voté contre les projets de loi relatifs aux JO – des écologistes y sont aussi hostiles –, ont encouragé des mouvements de grève et ont réclamé que les athlètes israéliens ne défilent pas derrière le drapeau de leur État.

Mais la principale difficulté est la continuité de la gestion politique des JO, d’autant que Gérald Darmanin a d’ores et déjà prévenu qu’il quitterait la Place Beauvau dès le 8 juillet. Dire que tout est prêt ne suffit pas. Quelle que soit la qualité du travail des préfets et de leurs équipes, un tel événement de dimension planétaire ne peut se passer d’une autorité politique pleinement aux commandes.

Des nouveaux titulaires à l’Intérieur et aux Sports auront-ils le temps et les moyens de se substituer au pied levé à Gérald Darmanin et à Amélie Oudéa-Castéra, qui maîtrisent le dossier sur le bout des ongles ? L’importance des JO justifierait que le souci de la continuité républicaine prime sur la tentation d’une cohabitation dure. Une prolongation ou, à tout le moins, un tuilage d’un mois serait souhaitable. Mais est-ce envisageable ? Cela dépendra de la bonne volonté des deux parties.

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