À l’aube du 19e Congrès du Parti Communiste Chinois qui doit se tenir en novembre, l’inquiétude grandit quant au resserrement de vis du pouvoir central, détenu sans partage par Xi Xinping en route vers un troisième mandat. 

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Si Xi Xinping est, en occident, le visage de la République Populaire de Chine, son épouse, Peng Liyuan, est bien moins connue dans nos contrées. C’est pourtant une superstar dans son pays, qui a contribué largement à la popularité de son époux grâce à ses dons de chanteuse et son bagage militaire. Car Peng Liyuan est à la fois chanteuse de variété et général dans l’Armée de Libération Populaire de Chine. Qui n’a pas eu le plaisir de goûter, durant de longues heures de route à travers l’Empire du Milieu, aux vocalises lyriques de la première dame, imposées par un conducteur patriote, n’a pas encore pris la pleine mesure de ce qu’est la propagande chinoise.

Dans la Chine nouvelle qui se dessine sous le règne de Xi Xinping, nul doute que Peng Liyuan aura encore l’occasion, comme elle l’a fait durant deux décennies, d’apparaître au gala annuel du Nouvel an pour entonner des chants patriotiques en uniforme de général de l’ALP. Car un parfum de révolution culturelle flotte à nouveau sur la Chine depuis que Xi, fils d’un ancien compagnon de Mao Zedong, Xi Zhongxun, a été triomphalement reconduit à la tête de la République Populaire en 2017.

Avec la réhabilitation du maoïsme, on assisterait donc à une nouvelle transformation du pouvoir à Pékin et au retour à un autoritarisme idéologique beaucoup plus marqué

Le 19e Congrès du Parti Communiste Chinois décida, le 24 octobre de la même année, d’inscrire la pensée de Xi Jinping dans la charte du Parti communiste chinois au côté de la pensée de Mao Zedong et de la théorie de Deng Xiaoping. Depuis lors, les écoliers chinois, comme les détenus des camps de rééducation du Xinjiang, sont tenus d’apprendre par cœur les subtilités de la  « pensée de Xi Jinping sur le socialisme aux caractéristiques chinoises pour une nouvelle ère ».

Une nouvelle étape est en passe d’être franchie, en novembre prochain, avec la réunion plénière du Congrès du Parti Communiste Chinois qui aura pour mission de « résumer et célébrer 100 ans de lutte » à l’occasion du centième anniversaire de la création du Parti (qui tint sa première réunion dans les locaux d’une école de filles de la concession française de Shanghaï). À cette occasion, il est question que le PCC adopte de nouvelles « résolutions sur l’histoire » de la RPC.

Deux « résolutions sur l’histoire » ont précédemment vu le jour en Chine. La première en avril 1945, en pleine guerre civile, dans le but de réaffirmer la prééminence du maoïsme sur ses rivaux idéologiques et la force de l’alliance avec l’Union Soviétique. La seconde en juin 1981, à l’initiative de Deng Xiaoping, à l’occasion de la sixième session plénière du 11e congrès du CCP, qui dénonçait les excès de la révolution culturelle et le rôle joué par Mao dans ces excès.

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À l’occasion de la sixième session plénière du 19e Congrès qui doit se tenir en novembre, il semble probable, à en croire un communiqué de l’agence de presse officielle Xinhua, qu’une troisième résolution pourrait revenir en arrière par rapport à l’ère Xiaoping et réhabiliter le rôle de Mao, mais aussi de la Révolution culturelle, dans la poursuite du processus révolutionnaire chinois jusqu’à Xi Xinping. Le président chinois a levé quasiment tous les obstacles à l’exercice d’un pouvoir sans partage. La chute de son rival Bo Xilai lui a permis d’éliminer un concurrent dangereux et d’accéder au pouvoir  en 2013. 

Le congrès de 2017 a consacré son pouvoir et lui a permis de faire disparaître à la fois la limite d’âge – 68 ans pour un responsable politique de haut rang – et la limite de deux mandats consécutifs qui risquaient de lui poser problème. Aujourd’hui, au sein du secrétariat central du Politburo, composé de sept membres qui représentent le coeur du pouvoir politique chinois, Xi Xinping n’a plus de rival. Avec la réhabilitation du maoïsme, on assisterait donc à une nouvelle transformation du pouvoir à Pékin et au retour à un autoritarisme idéologique beaucoup plus marqué. La Chine est-elle sur le point de connaître un nouveau prince rouge ? Si c’est le cas, Peng Liyuan n’a pas fini de chanter.

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