Coignard – CNR : l’étrange inspiration d’Emmanuel Macron

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CHRONIQUE. Le président a dévoilé sa nouvelle méthode, qui se réfère au Conseil national de la Résistance. Une référence présomptueuse, sinon scabreuse.

Le CNR sera compose de representants des forces politiques, economiques, sociales, associatives, ainsi que d'elus de terrain et de citoyens tires au sort.
Le CNR sera composé de représentants des forces politiques, économiques, sociales, associatives, ainsi que d’élus de terrain et de citoyens tirés au sort.© JULIEN DE ROSA / POOL / AFP

Par Sophie Coignard

Publié le 07/06/2022 à 07h00

La comparaison ne lui fait pas peur. Elle semble même l’enchanter. Dans une interview accordée à plusieurs quotidiens samedi dernier, Emmanuel Macrona dévoilé à quoi ressemblera cette « nouvelle méthode » qu’il avait évoquée dès le soir du premier tour de la présidentielle. Ce sera donc un « Conseil national de la refondation ». Initiales : CNR, comme l’historique Conseil national de la Résistance. Cette institution, fondée par Jean Moulin en 1943, a adopté en 1944 un programme pour relever la France anéantie par l’occupation nazie, programme qui dessinait notamment les contours de l’État-providence.

Pourquoi cette analogie assumée, de la part du chef de l’État ? « Nous vivons un temps comparable, dit-il dans son interview. Nous sommes dans une ère historique qui impose de changer profondément de modèle et puis la guerre est là. »

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Peut-être, mais la guerre est en Ukraine, pas sur le sol français. Le pays n’a pas subi une humiliation militaire, une occupation dramatique, un saccage de son intégrité, une mise à terre des valeurs républicaines et une destruction de ses institutions. Prétendre le contraire, c’est prendre le risque de laisser s’installer, dans l’inconscient collectif, l’idée que le quinquennat qui vient de s’écouler a été si catastrophique qu’il ne reste qu’un champ de ruines à reconstruire. Risqué !

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Une copie du Cese ?

Et puis, en quoi ce CNR sorti du chapeau présidentiel remédiera-t-il à la crise de la démocratie ? Il sera composé de représentants des forces politiques, économiques, sociales, associatives, ainsi que d’élus de terrain et de citoyens tirés au sort. Une telle institution, à peu de chose près, existe déjà. Elle s’appelle le Conseil économique, social et environnemental (Cese). Sous prétexte de faire du neuf, est-il bien raisonnable d’engendrer une copie presque conforme de l’existant ? Et, de surcroît, de l’annoncer huit jours avant le premier tour d’élections législatives qui, faute de campagne digne de ce nom, projet contre projet, suscite l’intérêt de moins de 40 % des Français selon les sondages ? Le député européen LR François-Xavier Bellamy a mis les rieurs de son côté sur France Info ce week-end : « Emmanuel Macron est à deux doigts d’inventer l’Assemblée nationale ! » a-t-il ironisé.

Il faudra aussi, et ce n’est pas gagné, que les différentes « parties prenantes », comme les appelle le président, acceptent de jouer le jeu et ne pratiquent pas la politique de la chaise vide.

Enfin et surtout, ce CNR aux initiales puissamment évocatrices ne peut pas se permettre de décevoir. Installé au lendemain des législatives, il doit proposer des solutions sur l’indépendance économique, industrielle et agricole, sur les moyens de parvenir au plein-emploi, sur la neutralité carbone, sur l’égalité des chances, sur la réforme institutionnelle.

Vaste programme ! Mais qui ne remplace pas, justement, un programme de gouvernement, dûment validé par le suffrage universel.

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