Voici venue la revanche des parias

PUBLIÉ LE :4 OCTOBRE 2022PUBLIÉ DANSTOUS LES ARTICLES. IVAN RIOUFOL

Les augures annonçaient une raclée pour Jair Bolsonaro : le président sortant du Brésil, honnis par le consensus, résiste mieux que prévu à la poussée de Luiz Inacio Lula da Siva. A l’issue du premier tour de la présidentielle, dimanche, Lula récolte 48,2% des suffrages contre 43,3% à Bolsonaro. Les sondages lui en donnaient 36% et envisageaient même une élection de son adversaire de gauche dès le premier tour. Les soutiens de Bolsonaro sortent, au surplus, victorieux des élections législatives et gouvernatoriales qui se déroulaient parallèlement. Pour le second tour, le 30 octobre, la victoire est promise à Lula avec 54% contre 38%. Cependant, le scrutin s’annonce peut-être moins évident, au point qu’un scénario à la Trump ne serait pas à exclure avec une contestation sur le fil. Quoi qu’il en soit, cette performance de la bête noire des « progressistes », dont il est difficile ici d’évaluer le bilan tant il est noirci par la presse française unanime, s’inscrit dans la vague plus générale de la montée des populismes : un mouvement d’exaspération qui tend à remettre en question l’hégémonisme des élites mondialistes, coupées de la vie des gens ordinaires. Voici venue la revanche des parias. L’ordre mondial lui-même, jadis ordonné par le seul Occident, en est profondément bousculé.

Vladimir Poutine, en se présentant vendredi dernier comme le porte-voix des pays « parias », tente de justifier son agression de l’Ukraine comme une revanche contre cinq siècles d’omnipotence occidentale et comme la contestation de l’impérialisme des Etats-Unis sur la marche du monde.  Ce week-end, c’est la France qui, après avoir été chassée du Mali et de Centrafrique, a été prise pour cible au Burkina-Faso (ex-Haute-Volta) à l’issue d’un coup d’Etat soutenu par la Russie. L’ambassade de France à Ouagadougou a notamment été visée par des émeutiers. Ce grand basculement civilisationnel dépasse le simple conflit frontalier entre l’Ukraine et la Russie pour prendre une envergure géopolitique qui s’impose comme une réalité. Cette addition des contestations d’un ordre établi est une révolution. Le piège néanmoins serait, pour les peuples qui s’extraient de leur somnambulisme, de se laisser gagner par une récupération poutinienne, au nom d’une même défense des nouveaux damnés de la terre. La victoire de Giorgia Meloni, (Frères d’Italie), atlantiste et pro-Ukraine, démontre que le populisme sait se détacher de l’orbite russe et de son autoritarisme. Reste que les donneurs de leçons vont devoir accepter le monde tel qu’il est  devenu: sa colère s’annonce contagieuse.

`N.B. : Dimanche soir dans Face à Rioufol (CNews), Ferhat Mehenni, président du gouvernement provisoire kabyle, n’a pu honorer mon invitation à la suite d’une annulation in-extremis de sa participation. Je manque d’explications à ce jour. Mehenni désigne des pressions venues d’Alger. Je suis en tout cas profondément attristé du sort réservé à cet ami, réfugié politique.Voici son intervention, diffusée lundi soir.

Je participerai, cette semaine, à La belle équipe sur CNews (14h-15h30)Ici le replay de lundi.

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